Le patrimoine immatériel a été le thème d'une journée d'étude organisée, jeudi dernier, par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), faisant suite à une première table ronde organisée le 27 janvier dernier sur le sujet. Le Pr Miliani Hadj, (Université de Mostaganem) et chercheur au Crasc, a estimé que l'essentiel est de s'interroger sur la signification du patrimoine culturel matériel et immatériel, de comprendre la manière dont les différents intervenants expérimentent les démarches d'identification, de valorisation, de réhabilitation, de conservation et de revitalisation. Il a ensuite évoqué les difficultés que rencontre le chercheur sur le terrain, notamment l'enregistrement, la collecte de données patrimoniales et leur accumulation, en raison de l'absence d'un travail de collecte et d'archivage préalables. L'autre problématique soulevée par le Pr Miliani est en rapport avec la manière dont le patrimoine est appréhendé. « Le patrimoine est toujours associé au passé, jamais dans le présent, alors qu'il est, dans le présent, un patrimoine vivant », a-t-il noté, ajoutant que l'identification et la conservation du patrimoine ne servent à rien sans valorisation ni sensibilisation. Le Pr Miliani a estimé que l'ouverture, dernièrement sur Internet, d'un portail consacré au patrimoine culturel algérien par le ministère de la Culture est un grand acquis. Ce portail permettra aux chercheurs sur le patrimoine d'apporter leur contribution en jetant un regard critique donnant lieu à une meilleure mise en forme. Habiba Laloui (Université d'Alger 2) , a présenté le projet d'une « cartographie culturelle de l'Algérie », découlant du projet dit de la politique culturelle en Algérie, initié en 2011 par l'Association El Djahidhia. Soulignant le caractère « festivalier » de la culture algérienne, l'intervenante a préconisé la création d'une politique culturelle, en collaboration avec les associations et les espaces culturels. Celle-ci a été proposée sous forme d'un livre, paru en 2013. Habiba Laloui a indiqué que, dans cette perspective, des ateliers ont été organisés pour permettre aux jeunes de lancer leurs propres projets culturels, faisant ainsi réagir les instances centrales qui ont commencé à s'intéresser. « C'est une base de données numériques sur la culture en Algérie, présentant les caractéristiques culturelles de chaque wilaya. C'est un projet et un enjeu pour tous les Algériens et non pas aux seuls spécialistes de la culture. Cette carte numérique permet également d'avoir des indications sur les acteurs culturels de toutes les régions et dans tous les domaines », a-t-elle indiqué. Autogestion culturelle et patrimoniale Pour elle, l'initiative permettra de booster l'activité culturelle dans les régions et de créer une concurrence bénéfique. Cette cartographie culturelle et patrimoniale est, selon elle, « un projet d'autogestion culturelle et patrimoniale ». Hamid Bilek, ex-cadre du HCA, a souligné, dans son intervention sur « le patrimoine immatériel amazigh et la sauvegarde de l'âme amazighe », que la connaissance du patrimoine permet d'appréhender l'avenir. Le chercheur a focalisé sur l'énorme travail accompli par Mouloud Mammeri, soulignant aussi que le patrimoine matériel et le patrimoine immatériel sont indivisibles. « C'est l'âme de toute la société », a-t-il dit, ajoutant que la société repose sur l'infrastructure et la superstructure. Les participants se sont également intéressés à d'autres aspects du patrimoine immatériel, notamment le melhoun, le théâtre, la musique, le conte, le cinéma et les arts plastiques et visuels. Une exposition de photos de Sidi Attalah Karim sur la gasba et le gallal (percussion traditionnelle) a été organisée au niveau du patio du Crasc. Cette exposition s'étalera jusqu'au 15 mars prochain.