Tous les intervenants, moudjahidine et historiens, lors de la journée d'étude organisée jeudi dernier dans la salle des conférences de la wilaya de Tipasa, ont été unanimes à conclure que les étudiants et les lycéens ont été non seulement à l'avant-garde du combat politique durant la période marquée par l'émergence du mouvement national, mais aussi des acteurs de premier plan au cours de la révolution de Novembre. Organisée par Machaâl Echahid, en collaboration avec la corporation journalistique locale, sous le patronage du wali de Tipasa, cette journée d'étude, intitulée « Le rôle des lycéens durant la Révolution » a été entre autres marquée par l'intervention de l'historien Mohamed Zeghidi qui a mis l'accent, statistiques à l'appui, sur la politique d'exclusion entreprise par l'administration coloniale afin de priver les Algériens du droit à l'instruction et au savoir. En créant les conditions d'une sorte de monopole sur le savoir, les Français croyaient, selon Zeghidi, réduire à néant toutes les chances d'épanouissement des Algériens. « En 1893, on recensait 69 lycéens algériens, contre 180 en 1910. Trente ans après, leur nombre ne dépassait pas les 1.358 et 1.800 en 1945. Au déclenchement de la Révolution, ils étaient 6.308 lycéens », révèle le conférencier. Le ratio lycéens-population fut tellement faible, voire insignifiant, qu'à l'aube de la Révolution, le colonialisme n'envisagea et ne mesura nullement à sa juste valeur la grandeur de l'apport qualitatif qu'allait apporter l'élite intellectuelle algérienne au combat pour l'Indépendance. « Les lycéens et les étudiants, et ce, depuis l'émergence du mouvement national, ont assumé un rôle primordial dans la formation politique et ont occupé des postes importants. Cet engagement pour une Algérie indépendante a tracé les sentiers de la Révolution, particulièrement après les massacres de 1945 et la création de l'OS », rappelle-t-il. Intégrés dans les rangs de l'Ugema dès sa création en juillet 1955, les lycéens, à l'instar de leurs aînés, les étudiants, s'étaient impliqués corps et âme dans le combat pour la libération. Les jours précédant l'appel à la grève générale et illimitée du 19 mai 1956, les lycéens algériens avaient, à l'appel du FLN, mené un travail de sensibilisation sans commune mesure. « A la majorité écrasante, les lycéens ont adopté l'appel à la grève », tient à préciser le conférencier. L'objectif de la grève fut double. D'une part, renforcer le front intérieur en consolidant l'idée d'une révolution populaire, et, d'autre part, réussir un coup médiatique sur le plan international pour faire retentir davantage le cri de la Révolution. « Les deux objectifs ont été atteints », conclut Zeghidi. Le commandant de la wilaya IV historique, Lakhdar Bouragaâ, a, dans son intervention, mis en exergue ce constat. « Notre cheval de bataille était le peuple. A cette époque, notre objectif majeur était d'impliquer e peuple algérien dans le combat libérateur afin de battre en brèche la propagande française affirmant que les moudjahidine n'étaient que des agitateurs isolés », se souvient-il. « Les étudiants et les lycéens ont été d'un grand apport. Ils se sont acquittés avec brio de la mission visant à expliquer les recommandations et la déclaration finale du Congrès de la Soummam. Ils constituaient un apport qualitatif pour la Révolution », estime le commandant Bouragaâ. A l'occasion de cette journée, Abdelkader Kadi, wali de Tipasa, et Mohamed Abbad, président de Machaâl Echahid, ont honoré la mémoire du défunt moudjahid Belahcen Zerrouki, ancien directeur général de la Télévision algérienne et ingénieur électronicien qui a rejoint, dès l'obtention de son diplôme, le maquis en 1956.