Jadis, à Tlemcen, l'apparition du croissant lunaire est annoncée par des crieurs invitant la population au jeûne. Le berrah remplaçait à l'époque la télévision et la radio. Malgré l'immensité des territoires et le manque de moyens, les crieurs accomplissaient le plus normalement du monde leur mission d'informer les citoyens. Le moment d'El Iftar, lui, est annoncé par un coup de canon, ou encore par les quelques sirènes qui retentissaient dans certaines localités de la région comme celle de la mairie (1883) du Blass ; celle de Maghnia, ou encore les sirènes d'Ouled Mimoun et Sebdou. Et pour cause, le nombre de mosquées se comptait sur les doigts d'une main. Par contre, aujourd'hui, El Adhan émane des haut-parleurs des minarets. Cette sirène, faut-il le rappeler, était utilisée jusqu'à fin des années 70. Le charme de ces systèmes d'alerte n'est plus depuis la multiplication des mosquées et l'évolution de la technologie. Quant aux veillées, elles étaient marquées à Tlemcen par des chants, notamment la musique andalouse. D'autres accomplissent les tarawih au niveau des mosquées dont les minarets revêtent à l'occasion une décoration particulière. La vie était plus simple et plus gaie. Pas de ruées vers les marchés ; les familles s'échangeaient les plats ; le lait et ses dérivés étaient gratuits... les Algériens passaient le mois sacré dans la ferveur et la piété. A l'occasion de l'apparition de la nouvelle lune synonyme de la fin du Ramadhan, une slave de coups de canon est tirée par l'artillerie de la place de Tlemcen. La veille de l'Aïd El Fitr, une animation particulière caractérise Tlemcen. Bazar illuminé, chants religieux émanant des mosquées, les cafés maures de l'esplanade du Mechouar ornée de jolies guirlandes imprégnant à l'événement religieux une ambiance des plus festives.