Comment synchroniser l'appel des muezzins à l'iftar, la rupture du jeûne, et à l'imsak, la reprise du jeûne, durant le mois de Ramadhan dont à peine une poignée de jours nous sépare ? Ce n'est pas une mince affaire quand on sait que c'est sur cette base que les musulmans pratiquants organisent le rituel du siam et qu'une mauvaise appréciation du lever du jour peut compromettre religieusement la bonne observance du jeûne. C'est ce qu'a souligné en substance le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, lors d'une réunion avec les imams et les muezzins de la wilaya d'Alger, tenue hier à Dar El Imam d'El Harrach. L'objet de cette rencontre, entre autres, était de sensibiliser les personnels des 500 mosquées de la wilaya d'Alger à observer scrupuleusement les éphémérides du mois de Ramadhan et les horaires officiels de l'iftar et de l'imsak qui leur ont été communiqués, ceci, « afin de synchroniser l'adhan dans l'ensemble de nos mosquées », a insisté le ministre. Pour lui, cette synchronisation est de nature à éviter la cacophonie et l'anarchie dans les horaires du début et de la fin du jeûne. « C'est également un symbole fort de l'unité nationale », a-t-il ajouté. « Même par le passé, c'était le muezzin central d'Alger, qui officiait à Jamaâ El Kébir, qui donnait le signal aux autres muezzins afin que l'adhan soit prononcé de façon synchrone par tous les minarets d'Alger. Pour cela, il déployait un drapeau blanc qui permettait aux autres muezzins de recevoir le signal de l'adhan », explique M. Ghlamallah. Un calendrier détaillé dans lequel sont précisés les horaires de l'iftar et de l'imsak du Ramadhan 2009 a été distribué à l'assistance. Le tableau en question s'applique principalement à la ville d'Alger et ses environs. Il est par ailleurs indiqué que le Ramadhan 2009 débutera soit le vendredi 21 août, soit le samedi 22 août. L'iftar pour le vendredi 21 est prévu à 19h34 dans la wilaya d'Alger, et à 19h33 si c'est le samedi 22. L'imsak est prévu à 4h26 ou bien 4h27, toujours à Alger. Ainsi, le premier jour de Ramadhan devrait s'étaler sur un peu plus de quinze heures. D'ailleurs, les Ramadhans estivaux sont connus pour leurs journées plutôt longues. Toutefois, la durée du jeûne ira decrescendo si bien qu'au dernier jour, l'iftar sera à 18h54 au 29e jour du Ramadhan (18 septembre) et à 18h53 au 30e jour. L'imsak, quant à lui, sera à 4h55. Il en ressort que la dernière journée du jeûne sera de quatorze heures. Le ministre des Affaires religieuses a tenu à valoriser le travail des scientifiques, notamment les astronomes du Centre de recherches en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) de Bouzaréah qui ont établi ces éphémérides en insistant sur l'entière conformité de la science à la charia. « Ces savants ont toute notre confiance », a martelé M. Ghlamallah en distillant un message subliminal aux salafistes, connus pour leur rejet épidermique du savoir profane. Nous aurions souhaité que ce même esprit s'étende au sempiternel casse-tête relatif aux méthodes de prévision du mois de Ramadhan en adoptant définitivement le calcul astronomique comme méthode cardinale au lieu de se fier à chaque fois à l'observation à l'œil nu du croissant lunaire, avec toutes les péripéties que l'on connaît et leurs fâcheuses répercussions sur la vie nationale. M. Ghlamallah a exhorté, à juste titre, les Algériens à s'inspirer de ce sens aigu de la ponctualité qui caractérise l'Islam dans son rapport au temps et qui ressort dans l'extrême minutie du calendrier régissant les rituels religieux, en particulier les horaires de la prière et du jeûne. Il n'a pas manqué de déplorer, dans la foulée, le fait que cette ponctualité ne se traduise pas dans l'organisation sociale du travail. Ce timing méticuleux, a-t-il dit, devrait déborder le cadre de la îbada pour celui de la vie. Or, on connaît l'impact du Ramadhan sur le rythme général de la nation et ses retombées négatives sur le rendement des entreprises et des services. Avec ce Ramadhan caniculaire, en plein août « crématoire », il est à craindre davantage de baisse de productivité, surtout dans les secteurs surexposés aux conditions climatiques. Les grands chantiers de la République risquent ainsi d'être sévèrement touchés.