Un ouvrage intitulé "Histoire contemporaine de l'Algérie : nouveaux objets" de la chercheuse Ouanassa Siari Tengour, vient d'être édité par le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran. Ouanassa Siari Tengour, enseignante à l'université Mentouri de Constantine, chargée de cours à l'Institut Maghreb-Europe Paris 8 et chercheuse au Crasc a pris part à de nombreux colloques, aussi bien dans diverses régions du pays qu'à l'étranger, consacrés à l'histoire contemporaine de l'Algérie. Onze de ses communications ont été sélectionnées et regroupées dans cet ouvrage qui a le mérite de s'intéresser à des faits inscrits dans le prolongement de la grande histoire du mouvement nationaliste et de la guerre de libération nationale. Dans une présentation de l'ouvrage, René Gallissot, spécialiste de l'histoire de l'Algérie contemporaine estime que "l'histoire ne peut se limiter au culte des héros, l'historien se doit de mobiliser toutes les ressources en prenant appui sur les témoignages et la connaissance interne de ceux qui ont traversé les années de guerre". "Ces témoins ne sont pas seulement les hommes combattants, ces survivants qui ont tenu les armes, mais ces enfants devenus grands, ces filles, ces femmes de l'intérieur. Ces archives orales contribuent à l'histoire, après élaboration dans un entrelacs et par confrontation avec les autres fonds d'informations", ajoute l'historien français, qui a été directeur de recherche de l'auteur de cet ouvrage. Ouanassa Sari Tengour a opté pour la démarche privilégiant "la micro histoire" comme l'appelle René Gallissot qui consiste à suivre les itinéraires individuels, en démêlant les contradictions personnelles et familiales, voire en s'efforçant à l'analyse subjective. Abordant certaines thématiques ayant fait l'objet de communications dans différentes rencontres scientifiques, elle avait pour ambition d'apporter des clefs pour comprendre des événements et certaines situations historiques, en recourant aux multiples archives auxquelles elle avait eu accès et aux témoignages d'acteurs ayant vécu ces faits. Des communications comme celles intitulées "Autres lectures, mai 1945 dans l'Aurès", "Les dirigeants de l'Aurès Nememcha 1954-1956", "Les réactions immédiates des autorités françaises au lendemain du 1er novembre 1954" apportent des éclairages nouveaux sur des événements et des hommes dont les cours, les itinéraires et les apports ont été déterminants pour la révolution nationale armée. La chercheuse du CRASC propose également dans ce recueil des études inédites sur "les premiers réseaux de la résistance à Tlemcen 1954-1955" ou encore sur "les massacres de Constantine des 12 et 13 mai 1956" et "l'affaire Sidi Ali Bounab en septembre 1949", une expédition punitive de l'armée coloniale contre les habitants d'un village de Tizi-Ouzou. Le lecteur trouvera également une communication sur "les zones interdites et camps de regroupement dans l'Aurès 1954-1962". A ce sujet, elle indique que "dès le 20 novembre 1954, des villages entiers rattachés aux communes mixtes de l'Aurès et de Khenchela ont été vidés de leurs populations". Pour elle, "les camps de regroupement n'ont pas été une simple opération d'évacuation des populations rurales mais une modalité de violence de guerre expérimentée en Algérie. Conçus comme réponse aux premières opérations menées par l'ALN, ces camps ont fini par s'imposer comme une méthode de répression, systématiquement utilisée, au nom d'une stratégie de guerre pour vaincre la résistance algérienne". "Ces camps, imaginés pour répondre à l'urgence du moment (rétablir l'ordre et la sécurité) vont accompagner la guerre durant toute sa durée. Ils étaient au nombre de 936 au 1er janvier 1959 et touchaient quelque 2 millions de personnes", a ajouté l'auteur de l'ouvrage.