Preuve de cette baisse de fréquentation touristique : la location de maisons et d'appartements connaît la crise et ce, pour la première fois, depuis des années. En effet, selon nos informations, il y a moins de monde que les années précédentes, surtout en ce mois de juillet, ce qui a contraint beaucoup de locataires à revoir à la baisse leurs tarifs. A ce sujet, nous avons rencontré Salah, propriétaire d'une maison au centre-ville, qu'il loue chaque été. « On est passé à une moyenne de 10.000 à 8.000 da la nuitée pour un appartement, à 5.000 da cette année. Ça prouve tout de même que les familles boudent Jijel. C'est certainement en raison de la cherté de la vie (transport, restauration, location, accès aux plages, parkings...). Tout est cher durant l'été à Jijel et les vacanciers le ressentent. Certes, il est encore trop tôt pour juger, il reste le mois d'août, mais il est évident que la fréquentation a été nettement en baisse. Nous avons affaire à des touristes locaux et non à des étrangers. Quand on propose, dans n'importe quelle plage aux vacanciers d'acheter une bouteille d'eau minérale à 150 da, ou bien qu'on les force à payer 200 da la place de parking, il ne faut pas s'étonner que les gens ne reviennent plus et vont voir ailleurs. C'est aberrant, parce qu'aujourd'hui n'importe qui peut consulter internet et comparer les prix, et tenez vous bien : louer un appartement à Jijel revient plus cher que de louer une chambre d'hôtel à Barcelone ou Hammamet ! » explique-t-il. C'est à la faveur de l'amélioration des conditions de sécurité, début des années 2000, que la ville est devenue l'une des destinations préférées des familles des wilayas de l'Est et même du centre du pays. Les gens sont essentiellement attirés par la beauté sublime du littoral, et recherchent également un minimum de confort et de quiétude, mais force est de constater qu'on est encore loin des standards internationaux, en matière de tourisme et de conditions d'hébergement. La ville de Jijel compte aujourd'hui beaucoup d'intermédiaires, en l'absence d'un circuit formel, il est difficile de connaître leur nombre exact, mais une chose est sûre : tous les coups sont permis pour attirer le client. En quelques années et dans un contexte de forte demande, le marché de la location de maisons a explosé, entraînant ainsi les habitants de la ville et même des environs, à tenter de se faire de l'argent, simplement en louant leur maison, un étage, une chambre, parfois même le garage ! Une activité en pleine expansion, avec pour seul investissement : accrocher de simples pancartes dans les artères de la ville en mettant des numéros de téléphone et surtout faisant des annonces sur internet. Aujourd'hui les sites internet spécialisés, la tendance est à la baisse, du moins pour l'instant, il est facile de trouver un appartement à moins de 50.000 la semaine. Mais la concurrence est rude cette année, il faut dire que l'ouverture du tronçon autoroutier entre Constantine et Skikda est en faveur des wilayas côtières de l'extrême Est (Skikda, Annaba et El Tarf). Le trajet Annaba-Constantine se fait en à peine deux heures de temps. Du coup, beaucoup préfèrent ainsi la quiétude des plages de Skikda, El Kala (El Tarf) ou Séraïdi (Annaba), voire franchir la frontière pour la Tunisie. Redouane, un Constantinois de 42 ans qui a loué l'été dernier à Jijel, nous explique pourquoi il ne compte pas s'y rendre cette année. « L'année dernière, j'ai loué sur internet un appartement au prix de 8.000 da la nuitée. J'ai emmené ma femme et mes deux enfants, et à ma surprise, j'ai découvert une sacrée différence entre la description et les photos sur internet, et la réalité. Beaucoup de choses manquaient, à commencer par l'hygiène, les lits étaient inconfortables, sans parler du bruit la nuit et des moustiques. J'ai toutefois accepté de prolonger mon séjour jusqu'à ce mon jeune frère nous rejoigne, le propriétaire qui a tout de suite remarqué sa présence, est alors venu me voir pour me signifier que je devais rajouter la somme de 4.000 da la nuitée. J'ai dit basta, nous sommes rentrés le jour même. », confie-t-il. Et d'ajouter : « Où vais-je aller cette année ? Comme tout le monde : en Tunisie, là où il y a moins d'arnaques. »