« Pour combattre le groupe terroriste Daech, la Libye n'a pas besoin de troupes étrangères sur son sol », a affirmé, hier, le Premier ministre du gouvernement d'entente nationale (GNA), Fayez al-Sarraj. « J'ai demandé seulement l'intervention avec des attaques aériennes américaines qui doivent être très chirurgicales et limitées dans le temps et dans les zones géographiques, toujours en coordination avec nous », a-t-il dit dans une interview accordée au quotidien italien Corriere della Sera. « Nos hommes peuvent faire seuls, une fois obtenue la couverture aérienne », assure le chef de l'exécutif libyen. Le Premier ministre désigné a débarqué, le 30 mars dernier, d'un navire militaire dans le port de Tripoli, bravant l'hostilité des autorités non reconnues internationalement qui faisaient la loi dans la capitale libyenne depuis août 2014. Il n'a pu s'installer dans les locaux officiels du gouvernement qu'en juillet. Il veut maintenant asseoir son pouvoir dans tout le pays notamment à Syrte, ville côtière située à 450 kilomètres à l'est de la capitale Tripoli aux mains de Daech depuis juin 2015. Sarraj a surtout demandé une aide aérienne américaine dont les frappes sont opérationnelles depuis le 1er août dernier à partir de bases italiennes. Dans son entretien avec Corriere della Sera, le chef du GNA met en garde contre la « dangerosité » de Daech, « prêt à utiliser tous les moyens pour envoyer ses éléments en Italie et en Europe » et affirme qu'il « ne serait pas surpris » d'apprendre que des éléments du groupe « se cachent parmi les migrants sur les embarcations » dirigées vers les côtes italiennes. Des forces spéciales américaines et britanniques à Syrte ? Mais malgré sa détermination à refuser la présence étrangère sur le sol libyen, des forces spéciales américaines auraient apporté pour la première fois un soutien direct aux forces du GNA contre Daech, selon le Washington Post. Citant des responsables américains s'exprimant sous couvert de l'anonymat, ce journal a précisé, mardi dernier, que ces commandos agissaient depuis un centre d'opération conjoint installé à la périphérie de Syrte. Les troupes américaines travaillent de concert avec les Britanniques, aident à coordonner les frappes aériennes et fournissent du renseignement à leurs partenaires, a ajouté le Washington Post. Des Américains et des Britanniques portant des treillis militaires et des gilets pare-balles ont par ailleurs été vus à Syrte à plusieurs reprises, selon le quotidien américain. Le Pentagone a refusé de commenter directement ces informations. Il avait, toutefois, reconnu auparavant que de petites équipes américaines aidaient à rassembler du renseignement. Et il ne s'agit pas de la première intervention de forces étrangères sur le sol libyen. Le mois dernier, trois militaires français ont péri dans un accident d'hélicoptère près de Benghazi où ils effectuaient une mission de renseignement. Le GNA a demandé à l'Hexagone de s'expliquer sur cette affaire tout en accusant Paris de « violation » de son territoire. Cet exécutif reconnu par la communauté internationale affirme qu'il ne fera aucun compromis sur la souveraineté de la Libye. Hier, les gouvernements de l'Allemagne, de l'Espagne, des Etats-Unis, de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni ont demandé, dans une déclaration commune, que le contrôle de toutes les installations pétrolières revienne « sans condition préalable, sans réserve, ni délai aux mains des autorités nationales légitimes (...) » du GNA.