Un pèlerin a tardé pour effectuer l'hébergement électronique aux Lieux Saints. L'agent de l'Office national du hadj et de la omra (ONHO) a tenté de l'aider et l'orienter mais à sa grande surprise, il lui chuchote : « Est-ce que les chambres dans cet hôtel sont dotés de l'internet ? » L'agent un peu surpris par cette question lui répond qu'il y a plutôt le wifi. Le hadji insiste : « Non, je suis sérieux, est-ce qu'il y a internet et quelles sont les chaînes de télévision captées ? » L'agent n'en revient pas. Il ne s'attendait certainement pas à être questionné sur un tel centre d'intérêt. Ce pèlerin compte parmi les retardataires. « Nous avons sensibilisé les pèlerins sur les valeurs du hadj. Nous leur avons expliqué que c'est pénible et que ce n'est pas un voyage touristique. Et qu'il faut faire preuve de discipline pour accomplir dans les meilleures conditions le rituel », a commenté un cadre de l'ONHO. Or, de l'avis des encadreurs même, certains pèlerins se comportent comme s'ils se rendaient à un camping familial ou à un pique-nique. Menthe séchée, oignons et haricots Cette impression se confirme chez les douaniers chargés du contrôle qui ont été surpris par la nature des bagages emportés. Il ne s'agit pas seulement du nécessaire que sont les vêtements de rechange, la trousse de toilette et les médicaments. Dans les valises, on trouve de tout : du couscous, de la menthe séchée, des gâteaux secs et même des « maâreks », des légumes frais et secs, de la pomme de terre, de l'oignon, des pois chiches et même des épices. Une vraie cuisine ambulante que ces cabas de futurs hadjis », s'est esclaffé un agent des Douanes. Hadda d'Alger accomplit le pèlerinage pour la première fois. Elle a pris cinq grandes boîtes de gâteaux secs, à l'exemple de halwet tabaâ et r'fiss, et du couscous, a-t-on constaté sur place. « C'est des gâteaux consistants essentiellement pour mon mari qui est exigeant et gourmand. Il n'aime pas la nourriture étrangère. D'ailleurs, il a perdu plusieurs kilos lors de son dernier pèlerinage », nous a-t-elle confié. Saliha de M'sila expose son bagage avec fierté, sa grande valise où elle a dissimulé des légumes frais, des oignons violets, de la pomme de terre, des haricots, de la viande salée sèche ainsi que des légumes secs, haricots secs et lentilles. « Mon mari et mon fils ont un défaut : Ils ne mangent que les plats que je prépare avec mes propres mains. Alors, j'ai tout prévu au moins pour les premiers jours », a-t-elle raconté avec fierté. Les bagages de Hafsa d'Alger étaient bourrés de vaisselle. Elle a même ramené des ustensiles de cuisine, notamment pour préparer le couscous. « Mon frère a été l'année passée aux Lieux Saints. La nourriture était infecte, alors j'ai pris mes dispositions », a-t-elle dit. Fatima abonde dans le même sens : « J'ai aussi entendu dire que l'on ne mangeait pas bien, je pensais apporter avec moi quelques provisions, ma cafetière et une cocote minute mais je ne sais pas si les douaniers me laisseront partir avec ce type d'ustensiles. » Lazher, de Médéa, a tenu à vérifier lui-même ses bagages. « Je ne peux pas me passer de ma tasse de café. Elle m'accompagne dans tous les déplacements. J'ai pris surtout des paquets de café et des gâteaux préparés par mes filles. » De même pour Mohamed d'Alger qui a pris du thé et de la menthe séchée. « Je suis un accro du thé le matin avec la menthe de chez nous. Ils m'ont terriblement manqué lors de ma omra au mois de Ramadhan », a-t-il dit. Le selfie pour tous les âges Le selfie n'est pas une mode chez les jeunes uniquement, mais aussi chez les pèlerins. Ils étaient nombreux à se prendre en photo à leur départ, jeudi dernier, de l'aéroport international Houari-Boumediène d'Alger. El Hadj Ali a pris des photos selfie dans chaque coin de l'aérogare avec les agents de la police, de la douane, de la Protection civile, dans la salle d'embarquement et devant les guichets. Il voulait immortaliser chaque instant. « Ce sont des souvenirs pour mes enfants et petits-enfants. On m'a offert ce portable spécialement pour me prendre en photo. » Vous avez un compte facebook ? Le vieux nous répond : « Non, mais mes enfants l'ont et vont partager les photos plus tard sur les réseaux sociaux. » Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a été fortement sollicité par les futurs pèlerins pour « le selfie » lors de la cérémonie du départ. Des « hadjate » n'ont pas hésité à prendre des photos avec le ministre qui a répondu à toutes les sollicitations. Mais certains pèlerins ont fait la moue devant une telle attitude, pensant qu'il vaut mieux se concentrer sur l'objet de leur voyage : la foi.