Depuis les temps les plus reculés, de nombreuses familles en Kabylie se préparent pour l'hiver. On fait sécher les légumes, les fruits, les épices, les herbes pour le thé et la tisane. À Illiltène — à quelque 70 km à l'extrême sud-est de Tizi-Ouzou, chef-lieu de wilaya — ces pratiques sont courantes chez plusieurs familles et c'est à la fin de l'été et au début de l'automne que l'on entame les préparations. Après avoir cueilli toutes sortes de plantes (thé sauvage, menthe, jahda, zâhtar et d'autres herbes curatives), elles sont triées à la main puis mises à sécher pour être conservées dans des sachets. On met aussi à sécher certains légumes, comme le poivre et la tomate qui, avec l'ail et l'oignon, vont constituer des sauces que l'on conserve de manière artisanale. L'oignon, l'ail et le poivron, liés en petites bottes, sont aussi directement suspendus à un fil. D'autres produits sont ainsi conservés, notamment la figue sèche, tazart, qui va rejoindre les ikoufan ou les sacs de jute. Certaines femmes roulent aussi du couscous en grande quantité qu'elles étalent à l'air libre pour sécher. La denrée va rejoindre ensuite les provisions d'hiver. Pour yemma Tassadit : “C'est comme cela, depuis toujours. On prépare aussi des crêpes (thighrifine), du pain aux épices (aghroum lehwal), lemsemen, tachougat, tavarkoukesth, tafdert…, des plats traditionnels à base de semoule d'orge ou de blé. Ce sont des nourritures qui vous réchauffent en hiver.” La neige tombe quelquefois épaisse et rude, emprisonnant les hauteurs pendant plusieurs jours. La région est alors complètement coupée du monde et les commerçants ont du mal à se ravitailler. Kouceila TIGHILT