Anatoli Ievguenievitch Karpov est le grand maître des temps modernes, le douzième champion du monde qui possède l'un des plus riches palmarès du jeu d'échecs avec plus de 170 premières places dans les compétitions officielles ; il a disputé onze finales de championnat du monde. Né en 1951 à Zlatooust, à l'ouest de Tcheliabinsk dans l'Oural russe, Anatoli Karpov dit « Tolia » apprend à jouer aux échecs à quatre ans avec son père, et à l'âge de sept ans, atteignait le niveau d'un joueur très appréciable. A douze ans, il est admis dans la prestigieuse école d'échecs de l'ancien champion du monde Mikhaïl Botvinnik, où l'enseignement du père des échecs soviétiques développa chez lui rapidement sa compréhension du jeu de haut niveau. Champion du monde en 1975 à la suite de sa victoire par forfait contre le fameux grand maître américain, Robert James Fischer, son règne dura tout le long de dix matchs joués de 1978 à 1998 contre ses compatriotes Victor Korchnoi « le terrible » et Gary Kasparov « l'ogre de Bakou », et même au-delà, après avoir battu le Néerlandais Jan Timman en 1993. Homme de défis et de records, et motivé par les critiques qui dévalorisaient son nouveau titre de champion du monde, Anatoli Karpov remporte le prestigieux tournoi de Linares Espagne en 1994, qui regroupe traditionnellement chaque année les meilleurs joueurs au monde, et y établit un extraordinaire record lors de ce tournoi auquel participaient entre autres ses successeurs, Garry Kasparov, Vladimir Kramnik et Viswanathan Anand, il ne perdit aucune partie et marqua 11 points sur 13 possibles (+9 -0 =4). Sa performance Elo pour ce tournoi, qui laissait ses poursuivants Garry Kasparov et Alexeï Chirov à 2,5 points, équivalait à un classement Elo de 2.977. Le classement Elo maximum jamais atteint par Karpov lors de toute sa carrière fut celui 2.780 en juillet 1994. Des résultats légendaires liés à ses capacités techniques et tactiques hors du commun, son sens inné de la position et du positionnement des pièces et de la grande combativité dont il a fait toujours preuve, Anatoly Karpov a toujours dit jouer « aux vrais échecs » et ne pas laisser place au « hasard ». Karpov est cependant capable de sacrifices s'il pense que ces derniers sont corrects. Il n'est pas un « théoricien » des ouvertures remarquables, et préfère retarder la lutte principale au milieu de jeu. C'est là que son talent se fait jour. Son point fort est sa capacité à restreindre le contre-jeu adverse, à telle enseigne que, souvent, ses adversaires en sont réduits à s'empêtrer sans pouvoir réagir, incapables de trouver un plan actif. La particularité de Karpov est d'obtenir un petit, voire minuscule avantage dans l'ouverture, puis de l'accroître progressivement par la pression sur une faiblesse créée dans le camp de l'adversaire jusqu'à ce que la position de ce dernier s'écroule. Il est aussi un excellent joueur de finales. Homme politique et député au sein de la douma russe, grand philatéliste devant l'Eternel, il a aussi publié de nombreux ouvrages, créer des écoles à travers le monde qui portent son nom, et de nombreux tournois sont organisés pour rendre hommage à sa personne et à ses actions en faveur du développement du jeu d'échecs. Partie n= 1 Blancs : Karpov Anatoly Noirs : Kortschnoi Viktor Championnat du monde Moscou 1974 Défense sicilienne variante du dragon 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6 6.Fe3 Fg7 7.f3 Cc6 8.Dd2 0–0 9.Fc4 Fd7 10.h4 Tc8 11.Fb3 Ce5 12.0–0–0 Cc4 13.Fxc4 Txc4 14.h5 Cxh5 15.g4 Cf6 16.Cde2 Da5 17.Fh6 Fxh6 17...Fh8 18. Fxf8 Rxf8 19.Rb1 (19.De3 Tc5 20.Cd4 Fe6 21.Rb1 b5 22.Cxe6+ fxe6+- ) 19...Tb4 (19...Fe6 20.Cf4 g5 21.Cxe6+ fxe6 22.Ce2 De5 23.c3 Fg7 24.Cc1 h6 25.Cd3 Db5 26.The1 ; 19...Fg7 20.Cd5 Da6 21.Cxf6 Fxf6 22.Txh7 Fe6 23.Cf4 Db5 24.Cxe6+ fxe6 25.Dh6+ Re8 26.Dxg6++-) 20.g5 Ch5 21.Cc1 Fe6 22.Cb3 De5 23.Txh5 Fxb3 24.Txh7 Fxa2+ 25.Rc1 Fg7 26.Tdh1 ; 17...Tfc8 18.Fxg7 Rxg7 19.Dh6+ Rg8 20.Td5 (20.Td3 Fe6 21.g5 Ch5 22.Cg3 De5 23.Cxh5 gxh5 24.Dxh5 Dg7 25.f4 d5 26.Thd1) 20...Dd8 21.e5 dxe5 22.Td2 De8 23.Cd5 Fe6 24.Cxf6+ exf6 25.g5 fxg5 26.Dxh7+ 18.Dxh6 Tfc8 19.Td3 19.g5 Ch5 20.Txh5 gxh5 21.Cd5 Txc2+ 22.Rb1 Dd8 23.Cef4 Df8 24.Cxe7+ Dxe7 25.Cd5 Txb2+ 26.Rxb2± ; 19.Td5 T8c5 (19...Dd8 20.e5 dxe5 21.Td2 Dc7 22.Cd5 Txc2+ 23.Rb1 Txd2 24.Cxc7 Txe2 25.Cd5 Te8 26.Cc3 ; 19...Dc7 20.Rb1 Rh8) 20.Txc5 Txc5 21.Cd5 Txd5 22.exd5 Dxd5 23.Th3 Dxa2 24.b3 Da1+ 25.Rd2 Df1 26.Tg3 19...T4c5 20.g5 Txg5 Diagramme n= 1 La fameuse interception sublime !21.Td5 ! Txd5 22.Cxd5 Te8 23.Cef4 Fc6 24.e5 ! Fxd5 25.exf6 exf6 26.Dxh7+ Rf8 27.Dh8+ [27.Dh8+ Re7 28.Cxd5+ Dxd5 29.Te1+] 1–0 Partie n= 2 Blancs : Karpov Anatoly Noirs : Portisch Lajos Milan 1975 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 d6 5.0–0 Fe7 6.Fxc6+ bxc6 7.d4 exd4 8.Cxd4 c5 9.Cc6 Dd7 10.Ca5 Ff6 11.Dd3 Ce7 12.Cc3 Tb8 13.Tb1 0–0 14.Fd2 Fxc3 15.Fxc3 Cc6 16.a3 Cxa5 17.Fxa5 Te8 18.Tfe1 Te6 19.c4 Fb7 20.f3 Tbe8 21.Dd2 Fc6 22.b3 De7 23.Df4 Tb8 24.Fc3 f6 25.Rf2 Df7 26.h4 Tee8 27.g4 Tb7 28.Tb2 Teb8 29.Teb1 Tf8 30.Tg1 Fe8 31.De3 De6 32.Dd3 Fc6 33.b4 cxb4 34.axb4 Fe8 35.Td2 Tb6 36.Dd4 De5 Diagramme n= 2 37. Dxb6 ! Une manœuvre qui gagne un pion et avec Karpov, la partie ! Dh2+ 38.Re1 Dxd2+ 39.Rxd2 cxb6 40.Ta1 Ff7 41.Txa6 Tb8 42.Rd3 h5 43.b5 hxg4 44.fxg4 Tc8 45.Ta4 Fe6 46.g5 f5 47.exf5 Fxf5+ 48.Rd4 Rf7 49.Fb4 Re6 50.Ta6 Tb8 51.h5 Fg4 52.h6 gxh6 53.gxh6 Ff5 54.Fd2 Tg8 55.Ff4 Tb8 56.Ta7 Rf6 57.Tg7 Fe6 58.Tc7 Th8 59.Tc6 Tg8 60.Txd6 Rf5 61.Txb6 Tg4 62.Txe6 Rxe6 63.Re4 Tg8 64.b6 1–0 Partie n= 3 Blancs :Hubner Robert Noirs : Karpov Anatoly Interpolis Tilburg 1977 1.c4 c5 2.Cf3 Cf6 3.Cc3 d5 4.cxd5 Cxd5 5.g3 g6 6.d3 Fg7 7.Fd2 b6 8.Da4+ Fd7 9.Dh4 Fc6 10.Fg2 e6 11.Dxd8+ Rxd8 12.Tc1 Ca6 13.Cxd5 Fxd5 14.Fc3 f6 15.a3 Re7 16.0–0 Thc8 17.Cd2 Cc7 18.b4 Fxg2 19.Rxg2 cxb4 20.Fxb4+ Rd7 21.Fc3 Cd5 22.Fb2 Fh6 23.e3 Diagramme n=3 Sacrifie la qualité pour deux pions, ce qui donne dans la présente position une compensation plus que suffisante 23...Fxe3 ! 24.fxe3 Cxe3+ 25.Rf3 Cxf1 26.Cxf1 Txc1 27.Fxc1 Tc8 28.Fb2 Tc2 29.Fxf6 Ta2 30.Re3 Txa3 31.Cd2 b5 32.Ce4 b4 33.Rd4 a5 34.Rc4 Ta2 35.h4 Rc6 36.Fd4 Te2 37.Fe5 Te1 38.Ff6 Tb1 39.Fe7 e5 40.g4 Tc1+ 41.Rb3 Rd5 42.Fg5 Tb1+ 43.Rc2 Th1 44.Rb3 Th3 45.Cf6+ Rd4 46.Cxh7 Txd3+ 47.Rc2 a4 48.Fe7 Tc3+ 49.Rb1 Tc7 0–1 Partie n= 4 Blancs : Karpov Anatoly Noirs : Spassky Boris Montréal 1979 Gambit de la dame 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 d5 4.Cc3 Fe7 5.Ff4 0–0 6.e3 c5 7.dxc5 Cc6 8.Dc2 Da5 9.a3 Fxc5 10.Td1 Fe7 11.Cd2 Fd7 12.Fe2 Tfc8 13.0–0 Dd8 14.cxd5 exd5 15.Cf3 h6 16.Ce5 Fe6 17.Cxc6 Txc6 18.Ff3 Db6 19.Fe5 Ce4 20.De2 Cxc3 21.Fxc3 Td8 22.Td3 Tcd6 23.Tfd1 T6d7 24.T1d2 Db5 Diagramme n= 4 Le fameux triplement d'Alexandre Alekhine ! 25.Dd1 b6 26.g3 Ff8 27.Fg2 Fe7 28.Dh5 a6 29.h3 Dc6 30.Rh2 a5 31.f4 f6 32.Dd1 Db5 33.g4 g5 34.Rh1 Dc6 35.f5 Ff7 36.e4 Rg7 37.exd5 Dc7 38.Te2 b5 39.Txe7 Txe7 40.d6 Dc4 41.b3 1–0 Partie n= 5 Blancs : Timman Jan Noirs : Karpov Anatoly Montréal 1979 Partie anglaise 1.c4 Cf6 2.Cc3 e5 3.Cf3 Cc6 4.e3 Fe7 5.d4 exd4 6.Cxd4 0–0 7.Cxc6 bxc6 8.Fe2 d5 9.0–0 Fd6 10.b3 De7 11.Fb2 dxc4 12.bxc4 Tb8 13.Dc1 Cg4 14.g3 Te8 15.Cd1 Diagramme n= 5 Lorsque Karpov pointe ses pièces légères vers le roque, il se produit des sacrifices comme 15...Cxh2 ! 16.c5 Cxf1 17.cxd6 Cxg3 18.fxg3 Dxd6 19.Rf2 Dh6 20.Fd4 Dh2+ 21.Re1 Dxg3+ 22.Rd2 Dg2 23.Cb2 Fa6 24.Cd3 Fxd3 25.Rxd3 Tbd8 26.Ff1 De4+ 27.Rc3 c5 28.Fxc5 Dc6 29.Rb3 Tb8+ 30.Ra3 Te5 31.Fb4 Db6 0–1 Partie n= 6 Blancs : Karpov Anatoly Noirs : Kortschnoi Viktor Merano Italie 1981 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 Cf6 4.0–0 Cxe4 5.d4 Fe7 6.De2 Cd6 7.Fxc6 bxc6 8.dxe5 Cb7 9.Cc3 0–0 10.Te1 Cc5 11.Fe3 Ce6 12.Tad1 d5 13.exd6 cxd6 14.Cd4 Fd7 15.Cf5 d5 16.Cxe7+ Dxe7 17.Dd2 Dh4 18.Ce2 Tfe8 19.b3 Te7 20.Cg3 Df6 21.f3 Fe8 22.Ce2 h6 23.Ff2 Dg6 24.Cc1 d4 25.Cd3 Df6 26.Fg3 Td7 27.Te5 Dd8 28.Tde1 Td5 29.Txd5 Dxd5 30.Te5 Dd7 31.De1 Tc8 32.b4 Dd8 33.Ta5 Dd7 34.h3 f6 Diagramme n= 6 Comme à son accoutumée, Karpov gagne un pion et la partie par 35.Txa7 ! Dd5 36.Ta5 Dd7 37.Ta7 Dd5 38.Ta5 Dd7 39.De4 Ff7 40.Df5 Te8 41.Rh2 Db7 42.a3 Td8 43.h4 h5 44.Cf2 Dd7 45.Ta6 De8 46.Da5 Fg6 47.Cd3 Rh7 48.Db6 Tc8 49.a4 Ff5 50.a5 c5 51.bxc5 Fxd3 52.cxd3 Cxc5 53.Ta7 Dg6 54.Tc7 Txc7 55.Fxc7 Cxd3 56.Dxd4 Ce5 57.Fxe5 1–0
