Devant les richesses multiformes des deux parcs en question, l'impératif, sinon l'urgence, est aujourd'hui d'adopter une nouvelle approche visant un investissement meilleur dans le tourisme, et dont les deux parcs constituent le fer de lance. Pour ce faire, un atelier scientifique s'est déroulé samedi et dimanche derniers, dans la ville de Tazrouk, à Tamanrasset, en vue de mettre sur pied « une stratégie de base pour le développement dans le tourisme national ». Il s'agit d'un des principaux chantiers du grand projet de « Conservation de la biodiversité d'intérêt mondial et utilisation durable des services écosystémiques dans les parcs culturels en Algérie ». Le projet d'une valeur de 25 millions de dollars est chapeauté et financé conjointement par le gouvernement et le Fonds mondial pour l'environnement (FEM) représentée, ici, par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Ce dernier contribuera à hauteur de 5 millions de dollars alors que la part des pouvoirs publics est estimée à 20 millions sous forme de programmes d'actions. Experte en tourisme et professeur à l'Institut national du tourisme, Cherifa Bensadek, à qui la direction nationale du projet a confié l'établissement d'un plan d'action visant à promouvoir le tourisme écologique et culturel dans les deux grandes aires respectives, a présenté les grandes lignes de son diagnostic. Fruit de plusieurs enquêtes sur le terrain, elle a appelé à plus d'implication de la population locale à une réelle prise de conscience de ses multiples atouts, métiers et savoirs traditionnels, la place et le rôle de la femme dans plusieurs domaines, dont la musique, l'artisanat, l'agriculture ou l'environnement. Selon l'experte, les différents acteurs locaux œuvrant dans le tourisme, devraient faire montre de plus de concertation et d'entraide dans l'espoir d'offrir un produit touristique de qualité. Elle appelle ces derniers à investir dans l'aménagement de l'hébergement en vue d'une meilleure prise en charge des touristes. Elle a également préconisé une réelle promotion médiatique visant la labellisation du produit local. Mme Bensadek a néanmoins regretté l'état d'insalubrité de nombreux sites culturels et naturels dans les deux parcs. Elle a également déploré l'atteinte touchant au patrimoine culturel matériel, les gravures et peintures rupestres à travers les actes de vandalisme. Deux sites pilotes ont été retenus en raison de la richesse écologique et culturelle qu'ils renferment. Il s'agit du site préhistorique de Tihoudaïne dans le Parc national culturel du Tassili illustrant l'évolution de la civilisation humaine depuis le premier galet jusqu'au néolithique. Le second projet « Villages et jardins » concerne la ville la plus haute de l'Algérie (1.900m d'altitude), Tazrouk, où est située la localité d'Iserkout, relevant du Parc national culturel de l'Ahaggar. Un site renfermant, notamment, une richesse floristique d'une inestimable richesse floristique et faunistique. Deux autres villages, Taïssa, située dans la commune de Tamanrasset, et Tédefest, y sont également concernés. Pour le directeur national du projet, Salah Amokrane, le plan d'action qui sera mis en œuvre, au terme des deux ateliers, où les acteurs locaux (autorités sectorielles, associations, agences de voya-ges...) permettra de prime abord d'établir un diagnostic rigoureux sur les richesses naturelles et culturelles de ces régions. « Notre mission est notamment d'établir une banque de données riche et scientifiquement rigoureuse de façon à aider les différents intervenants dans le secteur du tourisme et ce, pour une meilleure promotion et exploitation des circuits touristiques au niveau de ces deux sites » souligne-t-il en insistant sur l'indispensable implication des acteurs locaux qui constitueront le socle de la mise en œuvre de la stratégie escomptée. Les travaux de l'atelier et les débats ont vu la participation d'un panel d'intervenants représentant plusieurs secteurs (ministères de la Culture, de l'Intérieur, du Tourisme, de l'Environnement, mais aussi le Pnud, les agences de voyages, les représentants d'associations, les universitaires, les ex- perts...). Les voyagistes de la région ont de leur côté relevé un certain nombre d'obstacles freinant l'activité touristique et le développement local. Ils ont, à ce titre, appelé les pouvoirs publics à davantage de soutien pour sauver du déclin un secteur qui a marqué l'âge d'or de la prospérité nationale.