Demi-finaliste en 2014, la sélection a souffert le martyre pour arracher une honteuse 7e place, suite à sa victoire face à la Guinée en match de classement. Une participation catastrophique prévisible pour l'une des icônes de la petite balle algérienne Daoud Amirouche. L'un des artisans de la dernière qualification de l'EN hommes aux jeux Olympiques en 1996 à Atlanta, a exprimé son courroux par rapport à la situation inadmissible dans laquelle se trouvent les équipes nationales seniors en général, celle des dames en particulier. « Je n'ai rien à reprocher aux joueuses qui ont eu moins de deux mois de préparation. La fédération a une grande part de responsabilité dans cette débâcle. Je ne comprends pas la nomination d'un coach étranger à dix jours d'une compétition officielle. Le comble est que ce technicien a fait des erreurs de débutant que ce soit dans la gestion des matches, ou les changements effectués. Nous venons de connaître une des pires humiliations de notre handball. De telles contre-performances portent aussi préjudice à l'image de l'Algérie comme terre de la petite balle », s'est-il exprimé. Daoud qui a aussi été un des meilleurs joueurs de la sélection nationale, qui a remporté la coupe intercontinentale en 1998, a rappelé que les clubs ont failli à leur mission. « Les clubs doivent aussi assumer leur responsabilité dans ce désastre. Comment voulez-vous que ce sport se développe, tant que la formation est quasi inexistante au sein de plusieurs clubs. Les jeunes catégories sont d'ailleurs soient évincées ou livrées à elles-mêmes ». Essuyant une écrasante défaite face à l'Angola en quart (19-42), le sept national a selon l'ex-gardien du Nadit Alger a été malmené par une équipe, qui était des années auparavant tout juste moyenne. « Les Angolaises ont beaucoup progressé pour arriver à participer régulièrement aux jeux Olympiques et aux championnats du monde. C'est la récompense du sérieux et des sacrifices. D'autres nations vont semer prochainement les fruits de leur labeur. L'Egypte par exemple, prépare une future équipe qui, à mon avis, va jouer les premiers rôles dès le prochain cycle olympique. Les responsables égyptiens sont repartis de la base pour préparer une équipe conquérante. En revanche, nous avons perdu beaucoup de temps depuis 2014. L'équipe nationale a été mise en arrêt, sans qu'il y ait un programme de travail pour le moyen terme. Le résultat est là avec une gifle qui doit secouer les intéressés ». « Seul le travail à long terme paye » Revenant sur les années de gloire de notre handball, Daoud a souligné qu'il n'y avait pas de miracles dans les exploits de la discipline, à part le travail à long terme, ainsi que la compétence. « Nous avions des regroupements durant chaque trêve du championnat. Nous n'avions pas la chance d'avoir les mêmes moyens qu'a eu la nouvelle génération. Mais il y avait une élite d'entraîneurs qui savaient comment faire de nous des professionnels et des joueurs complets. Une durée de deux mois représentait moins de la moitié du travail physique en prévision d'une échéance internationale ». Appelé à donner son avis sur la fuite d'une grande partie de l'élite algérienne aux pays du Golfe, notre interlocuteur dira que la saignée ne s'arrêtera pas tant que « les anciens joueurs ne seront pas estimés à leur juste valeur ». « Nous sommes arrivés à un stade où des présidents de clubs n'ont rien à voir avec le handball, mais avec d'autres disciplines comme le judo. Il faut que les anciens handballeurs président les clubs. Cela sera la clé d'une amorce d'un développement au vrai sens du terme », dira encore Daoud. « Prêt à aider les gardiens et gardiennes de but » Rappelant qu'il a son avenir derrière lui, Daoud a révélé qu'il est déterminé plus que jamais à mettre son expérience au service des jeunes gardiens et gardiennes de but en Algérie. « J'ai eu l'honneur de créer ce poste en 2007 avec l'aide de Habib Labane. Beaucoup d'entraîneurs ne donnent pas d'importance à l'entraînement d'un gardien de but. C'est un élément qui constitue 80 % de l'équipe. J'ai eu des propositions de travailler à Saïda et avec l'OL El Oued drivé par Farouk Dehili ». Pour Daoud, l'avenir peut être radieux si le bricolage cesse. « Le talent existe encore en Algérie. Je cite l'exemple de la gardienne de Hawa Saïda Djorfi Rekia. A 20 ans, elle a déjà la classe d'une grande gardienne. J'ai beaucoup apprécié ses arrêts face à la Tunisie. Nous allons tous l'encourager et l'orienter pour qu'elle se perfectionne davantage. S'il y a une bonne foi de stopper l'hémorragie, le handball pourra renaître un jour de ces cendres. Dans le cas échéant, nous serons condamnés à assister à d'autres désillusions » dira-t-il.