Entre une préparation perturbée par un contexte socio-politique tendu, un football mis entre parenthèses durant la révolution, une équipe vieillissante et incapable de se renouveler, l'Egypte est quasiment éliminée de la course à sa propre succession : la CAN 2012 pourrait se faire sans les Pharaons, triples champions d'Afrique en titre. Sauf miracle, le roi d'Afrique ne défendra pas sa couronne au Gabon et en Guinée équatoriale. Un triste constat pour l'Egypte, triple championne d'Afrique en titre et quasiment éliminée de la CAN 2012. Avec deux petits points en quatre journées, les Pharaons pointent à six longueurs du leader sud-africain, qui est venu décrocher un nul mérité (0-0) au Caire. Comment expliquez une telle défaillance ? Après la défaite face aux Bafana Bafana (1-0), à l'aller, Chawki Gharib, l'adjoint du sélectionneur Hassan Shehata, expliquait : «Nous ne méritons pas cette défaite, a-t-il confié à Al-Ahram Hebdo. Notre qualité de jeu a été satisfaisante. Il ne faut pas oublier que nous avons eu beaucoup de difficultés durant la préparation. Le championnat est suspendu depuis le 22 janvier et les joueurs n'étaient pas en forme physiquement et techniquement. Nos adversaires étaient physiquement supérieurs. Nous avons été prudents et malgré tout cela, nous étions proches de la victoire.» UNE SITUATION SOCIO-POLITIQUE COMPLIQUEE Nulle remise en cause d'un effectif vieillissant et d'un encadrement à bout de souffle ; Car avec Essam Al-Hadary (38 ans), Abdul-Zaher Al-Saka (37 ans), Wael Gomaa (35 ans), Ahmed Hassan (36 ans), Mohamed Aboutrika (32 ans)..., Hassan Shehata dispose d'un groupe très expérimenté. Trop, sans doute. Le renouvellement des forces vives n'a pas eu lieu. Shehata, à la tête des Pharaons depuis six ans, a tout connu : la gloire, avec trois Coupe d'Afrique des Nations consécutives, et la défaite, avec une plus que probable piteuse élimination dans un groupe pourtant à sa portée (Afrique du Sud, Niger, Sierra Leone). D'ailleurs, Shehata, 62 ans, est un fidèle : «Je ne peux pas me débarrasser comme ça d'un joueur qui a aidé l'Egypte à remporter deux ou trois Coupes d'Afrique et son club à de nombreux trophées. Les grands joueurs ont besoin d'être soutenus quand ils sont moins bien. C'est ce que j'ai fait avec Aboutrika et Wael Gomaa, par exemple.» Hier adoré, aujourd'hui détesté, Shehata, qui vient de claquer la porte de la sélection après le nul du Caire, était sous pression depuis la révolution qui a agité le pays au début de l'année, Shehata étant un partisan déclaré de l'ex-président Hosni Moubarak. Observateurs, journalistes et fans s'en sont ouvertement pris à celui qui était jusque-là vénéré comme un sage. UN EFFECTIF VIEILLISSANT Pour Hani Ramzi, l'entraîneur de l'équipe d'Egypte olympique, cette situation était prévisible. "Sincèrement, je m'y attendais un peu, a-t-il confié à Al-Ahram-Hebdo. Au cours des quatre dernières années, le staff technique s'est davantage concentré sur les résultats et a oublié de renouveler l'équipe. La moyenne d'âge est de près de 29 ans, alors que le football moderne se base sur la jeunesse, la condition physique, la vitesse, soit des qualités que l'on trouve moins chez des joueurs d'un certain âge.» Les rares nouvelles têtes ne sont pas encore parvenues au niveau de la génération dorée, quand, à l'image de Mohamed Zidan (Borussia Dortmund), elles ne sont pas blessées. Manuel José, l'entraîneur d'Al Ahly, a lui aussi une explication : «Appeler des joueurs aussi longtemps avant un match pour un regroupement leur rajoute de la pression et cela a un effet sur leurs performances, a expliqué le technicien portugais à FilGoal. Il vaut mieux s'en tenir aux règlements FIFA qui veulent que les joueurs soient convoqués quatre jours avant les matchs internationaux. Ce qui est arrivé à l'Egypte est normal : personne ne peut rester tout en haut pour toujours. Shehata et ses joueurs ont réalisé de grandes choses pour le football égyptien et ont réussi à dominer l'Afrique pendant de nombreuses années. Cette équipe a placé l'Egypte sur la carte du football mondial, il est injuste de les attaquer."