Le mouvement du «20 février» qui réclame des réformes politiques «profondes» au Maroc, prend de l'ampleur. Pour la énième fois, son appel à l'organisation des marches, des manifestations et des sit-in pour dénoncer la corruption et l'amélioration des conditions sociales de la population, a été entendu dans plusieurs villes du Royaume. Même s'il fut lancé après la remise au Roi du projet de réforme de l'actuelle Constitution et tout au plus quelques jours avant un discours de Mohamed VI où il annoncerait la date du référendum, probablement début juillet prochain. Au grand dam des jeunes du mouvement «pacifique et ouvert» du 20 février et de l'opposition démocratique, les articles 19 et 23 de l'actuelle loi qui consacre la dimension religieuse du Roi en tant que «commandeur des croyants» et en qualité de «personne sacrée» et «source de législation» n'ont pas été touchés. La réduction de certaines prérogatives du Roi au profit du Premier ministre qui deviendrait «président du gouvernement» avec possibilité de participer à la désignation de ministres, d'ambassadeurs et de hauts fonctionnaires de l'Etat, ne semble pas convaincre grand monde, car le monarque gardera, in fine, la direction du conseil des ministres. Le Roi a-t-il décidé d'ignorer les revendications politiques «du 20 février» : instauration d'une «véritable» monarchie parlementaire dans laquelle le Roi règne, mais ne gouverne pas, un gouvernement issu de la majorité politique et responsable devant le parlement, l'indépendance de la justice conformément au principe de séparation des pouvoirs, la liberté de la presse, la libération de tous les détenus et le jugement de tous les responsables de dilapidation des biens publics ? «Oui» à voir les dernières interventions des services de sécurité pour disperser les manifestants et les «préoccupations» d'Amnesty international et de Commission européenne sous prétexte qu'ils sont manipulés par les islamistes et les gauchistes. Ce mouvement, qui a pris acte le 9 mars dernier, de l'intention de Mohammed VI de consacrer, dans la foulée de la révolution tunisienne, le principe de la séparation des pouvoirs, semble avoir saisi que le Roi n'a pas cédé comme le prétendent ses conseillers «60% de ses pouvoirs à la primature» dès lors qu'il gardera le pouvoir religieux, militaire sécuritaire, à travers le Conseil de sécurité et qu'on reste dans la logique d'un souverain signifiant à ses sujets : «C'est moi qui fais le projet de société et c'est vous qui êtes en concurrence pour l'exécuter». Un «printemps marocain» à l'horizon ? Les élites politiques du Royaume sont inquiètes. Surtout quand celles-ci rappellent que le pays a aussi ‘'sa'' famille Ben Ali et Trabelsi. Comme la tunisienne, la famille royale chérifienne est partout. Notamment dans l'éolien, les banques, la grande distribution, le tourisme, les nouvelles technologies, la téléphonie mobile, etc. Autre bombe à retardement, les indicateurs sociaux. Ils sont tous ou presque au rouge. Le chômage avoisine les 40 % et le revenu par tête culmine à hauteur de la moitié de celui de la Tunisie qui est déjà mal loti. Les jours à venir seront décisifs pour l'avenir du Maroc où les jeunes refusent globalement et dans le détail une constitution programmée pour embellir la façade d'une monarchie qui, pour soigner son «exception», s'apprête à normaliser «gratuitement» avec Israël. Sur les 20 «maîtres en danse orientale qui participent à la 2e édition du Festival international de danse orientale qui se tient à Marrakech jusqu'à aujourd'hui deux sont Israéliens.