Photo : Slimen S.A. La construction d'une économie compétitive n'est pas un slogan creux ni un fonds de commerce. C'est l'objectif fondamental de tous les pays, développés ou pas, grands ou petits. Certes, la mondialisation a ses exigences et la compétitivité en est une, mais il y a aussi l'ambition des nations de se doter d'une économie densifiée, diversifiée et ouverte sur le monde. Une économie productive et exportatrice est un objectif invariable car stratégique. L'Algérie ne peut occulter cet aspect fondamental si elle veut construire son économie et intégrer harmonieusement la communauté des nations développées. Elle n'a pas d'autre choix car les hydrocarbures, qui permettent d'importer et d'entretenir le fonctionnement de l'Etat, ne sont pas inépuisables et, surtout, l'embellie financière n'est pas éternelle. D'ailleurs, même si c'était le cas, ce serait tout simplement absurde et suicidaire de dormir sur ses lauriers. A côté des objectifs stratégiques que se sont fixés les pouvoirs publics, construction d'une économie densifiée, diversifiée, d'une part, et le renforcement des capacités nationales de réalisation, d'autre part, devrait figurer en bonne place la recherche permanente de la compétitivité. Car, tout concourt à dire que, malheureusement, tout n'est pas mis en œuvre pour concevoir une politique économique visant à atteindre cet objectif qui conditionne, en grande partie, l'avenir du pays. Il est grand temps d'opter en faveur de cette voie à la faveur des réformes politiques en général, et économiques, en particulier. Dans ce cadre, il est urgent de lancer un immense chantier, celui des subventions «tous azimuts». Ces subventions touchent le quotidien des citoyens, à travers les soutiens des prix de première nécessité mais aussi l'eau, l'électricité et tous les services publics (transport, santé, enseignement… ainsi que tous les secteurs d'activité (agriculture, industrie…). En un mot, l'Etat «assiste» plus qu'il ne gère de façon rationnelle les deniers publics provenant de l'exploitation et de la vente de ressources éphémères. Il «assiste» sans aucune contrepartie en termes de productivité ou d'augmentation/renforcement des capacités de production. La société et l'économie sont «assistées» de manière invariable sans que le pays en retire des gains : les citoyens sont mécontents de la qualité des services publics, en général et l'économie n'a pas progressé puisqu'elle est toujours dépendante des hydrocarbures. A titre d'exemple, malgré les mesures de revalorisation du pouvoir d'achat, grâce aux importantes augmentations des salaires et des pensions, et avec des rappels à partir du 1er janvier 2008, l'Algérie continue à appliquer la même politique alors que toutes les données ont changé fondamentalement. C'est illogique de maintenir le statu quo. A partir du moment où les salaires ont explosé, sans aucune raison économique ni contrepartie attendue, les subventions n'ont plus de raison d'exister. Car ces subventions bénéficient à tout le monde : pauvres, riches, étrangers (vivant en Algérie) et producteurs étrangers. C'est une saignée pour le pays. Or, on aurait dû entamer la suppression progressive de ces subventions : au lieu de subventionner le consommateur, on ferait mieux de rétribuer équitablement les producteurs. Une telle option aura pour effet d'introduire la vérité des prix et d'encourager les producteurs et, par ricochet, limiter les importations. A charge pour l'Etat d'opérer une redistribution plus équitable en faveur des catégories les plus défavorisées dans le cadre d'une politique sociale rénovée. Comme on peut le constater, c'est une politique plus équitable et plus rationnelle dans l'utilisation des deniers publics. En outre, elle revalorisera le système des valeurs, notamment en redonnant un sens à l'effort et au travail. La santé, les caisses d'assurances et de retraites sont massivement subventionnées par l'Etat sans quoi le citoyen en souffrirait terriblement. La cause des déficits de ces secteurs est dû, en grande partie, à l'existence du marché informel qui constitue un véritable cancer pour le pays. Non seulement, il y a un manque à gagner flagrant pour l'Etat mais de plus, tous ceux qui opèrent au sein de ce marché bénéficient des services publics (santé, éducation, transport…) largement subventionnés par l'Etat. Là aussi, c'est profondément injuste et anti-économique. Par ailleurs, le citoyen qui paie ses impôts et cotise est désavantagé par rapport à celui qui opère dans l'informel. L'intervention de l'Etat est de rétablir non seulement l'équité mais le respect de la loi pour tous. C'est la raison pour laquelle, il est impératif de cerner et maîtriser, il faut encourager le marché informel à intégrer l'économie réelle. D'ailleurs, il est urgent de concevoir une stratégie pour réaliser cet objectif vital. L'instauration de la vérité des prix, l'abandon de la politique d'assistanat et la lutte contre le marché informel doivent constituer les bases d'une politique économique, sociale et financière rénovée. L'Etat ne doit jamais «donner» sans rien «recevoir» en contrepartie. C'est la raison pour laquelle, il faut dès maintenant réfléchir à une économie sans subventions. Il faut le faire maintenant, pendant que l'embellie financière est encore au rendez-vous. S'il faut ouvrir un large débat démocratique autant profiter de la conjoncture actuelle. Car, ce problème n'interpelle pas uniquement les pouvoirs publics mais aussi l'ensemble des citoyens qui comprennent parfaitement les enjeux d'une nouvelle approche. Il faut souligner que les subventions «tous azimuts» laminent la compétitivité réelle du pays et surtout n'incite pas à l'effort. Le pays perd ainsi progressivement ses chances de prouver ses capacités.