La mondialisation, qu'elle soit considérée au niveau de l'économie, des relations internationales, de la société, des communications ou des technologies, conditionne les activités des entreprises. Si la mondialisation permet aux firmes de tirer parti d'opportunités de croissance et d'avoir accès à des débouchés nouveaux, elle constitue aussi une menace lourde de conséquences pour les entreprises, qui entraînées dans une lutte concurrentielle sans merci, sont incitées à améliorer leur approche des marchés. Se superposent à ce phénomène de mondialisation des changements importants dans la structure sectorielle de la demande et de la production. Face à ces deux tendances générales, les entreprises doivent se munir d'instruments qui leur permettent de comprendre l'environnement, de prévoir ses transformations et de capitaliser sur son évolution. L'internationalisation accentue tout à la fois l'interdépendance et la compétition entre les économies nationales. La qualité des infrastructures et l'efficacité dans la gestion des structures deviennent des facteurs essentiels dans la concurrence internationale et sont des avantages compétitifs décisifs. La mondialisation a toujours été présentée comme la seule solution pouvant inscrire les pays en voie de développement et émergents dans une logique de développement croissant et durable. Est-ce vraiment l'unique et seule solution ? L'ouverture des marchés nationaux à toutes les intrusions, sans protection aucune, serait-elle une meilleure solution pour un meilleur développement ? L'objet de cet article n'est pas de remettre en cause les principes mêmes de la mondialisation et de l'ouverture globale des marchés, mais de tirer l'attention sur d'autres possibilités permettant une meilleure sauvegarde de nos entreprises, de nos marchés et de notre économie. L'Algérie, depuis des décennies, recherche la meilleure stratégie pour un développement économique stable et durable en s'inspirant des expériences des autres, sans prendre en considération certains indicateurs qui sont propres et spécifiques à chaque Etat.L'Algérie est un pays riche de ses ressources naturelles et surtout de son capital humain. Un potentiel non négligeable et important pouvant amener notre pays à une meilleure compétitivité internationale, par une stratégie planifiée et adaptée aux objectifs et par une meilleure capitalisation de ces derniers. D'autres pays, tels que la Corée du Sud et le Japon pour ne citer que ceux-là, ont su se positionner, aujourd'hui, par une offre globale sur les marchés internationaux, en orientant leurs politiques économiques pour le développement des compétences locales et le capital humain qui est aujourd'hui l'élément fondamental dans l'ère de l'économie de la connaissance et du savoir ! L'Algérie peut s'inscrire actuellement dans un objectif de développement économique, en protégeant les structures économiques privées et publiques. Cette démarche s'inscrit dans ce qu'on peut appeler « patriotisme économique ». Un concept, sans doute peu connu par nos chers lectrices et lecteurs qui ne date pas d'aujourd'hui mais depuis très longtemps, à citer à titre d'exemple John Maynard Keyne, ce grand économiste britannique qui proposait un long plaidoyer en faveur du patriotisme économique après la crise de 1929. Le patriotisme économique désigne un comportement spécifique du consommateur, des entreprises et des pouvoirs publics consistant à favoriser le bien ou le service produit au sein de leur nation ou de leur groupe de nations. Une démarche souvent citée également, en ce sens qu'elle est celle d'intelligence économique au service du pays.Pour les partisans d'une politique de patriotisme économique, il s'agit de promouvoir l'excellence économique du pays. Le concept est cependant largement dénoncé comme démarche protectionniste qui est contraire au libéralisme. Le contexte international est celui du développement du protectionnisme dans de nombreux pays (hostilité aux acquisitions par des groupes étrangers d'entreprises considérées « stratégiques » pour l'économie). Des pays comme la France et les USA ont utilisés et utilisent cette pratique pour défendre les intérêts de la nation et protéger les entreprises contre toute intrusion étrangère hostile à leur bien-être.Le patriotisme économique, dans son esprit, signifie « rassembler toutes les énergies autour d'un véritable patriotisme économique ». Pour cela, il faut inclure dans les objectifs du gouvernement, la défense des intérêts nationaux via le soutien de l'activité des territoires, des pôles de compétitivité et des entreprises algériennes grandes et petites, grâce à la maîtrise, la performance et l'innovation. On peut en déduire qu'en contrepartie, les acteurs de la vie économique sont encouragés à agir conformément à la défense des intérêts de leur pays. Notre pays se doit de se protéger contre les agressions extérieures des entreprises jugées stratégiques ou situées sur des marchés « sensibles ». Pour ces secteurs, nous insistons sur le fait que le patriotisme économique doit s'articuler en trois temps : la définition d'intérêts communs entre le secteur privé et l'Etat ; la protection de ces intérêts et la construction de stratégies ; la conquête des marchés mondiaux par l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies d'influence dans les organisations internationales. Cependant, le patriotisme économique doit aussi associer l'Algérien dans le choix de sa consommation ; son soutien patriotique de consommation permettrait aux entreprises algériennes d'augmenter leur productivité et leur performance. L'Algérie, ces dernières années, ne cesse d'entreprendre des démarches d'adhésions aux marchés internationaux, tels que l'OMC et L'Union des pays arabes. Sommes-nous en mesure aujourd'hui d'assurer une protection pour les entreprises algériennes privées ou publiques ? L'entreprise algérienne est-elle en mesure, maintenant, de faire face à une concurrence étrangère ? Dispose-t-elle d'outils et de moyens pour adopter une stratégie offensive ou plutôt défensive et de survie ? L'ouverture vers les marchés internationaux est, certes, inéluctable et même certaine avec la globalisation et le développement des technologies de l'information par le biais, notamment, du e-commerce. Cependant, la nation se doit de protéger en premier lieu ses entreprises, en mettant à leur disposition tous les moyens nécessaires matériels et immatériels pour une meilleure performance et compétitivité ; en second lieu, de créer un sentiment et une éducation civique et patriotique auprès de tous les citoyens, afin de favoriser la consommation des produits nationaux. Tout le monde sait que l'Algérien oriente son choix de consommation vers les produits d'importation, même si ces derniers ne sont pas forcément de bonne qualité. Nous devrions tous aujourd'hui nous inscrire dans une démarche patriotique de consommation pour les produits « Made in Algeria », pour une productivité meilleure et un développement économique durable. L'auteur est chercheur économiste