Apparemment, la France n'est pas près d'en finir avec ses vieux démons de pays colonisateur à la triste renommée mondiale. A la veille du 48e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961, alors que le bon sens aurait voulu que soit là une énième occasion pour que les autorités françaises daignent reconnaître enfin le tort qu'elles ont causé à un peuple meurtri et martyrisé 132 ans durant, et de là, présenter publiquement et officiellement les excuses réclamées à corps et à cri par ce peuple, revoilà - il fallait quelque part s'y attendre avec la mainmise de la droite ultra conservatrice aux manettes - de retour les nostalgériens, encore légion dans les officines politiques françaises, que l'annulation de l'article quatre de la loi du 23 février 2005, ainsi que toute la machine arrière enclenchée in extremis par le gouvernement de l'époque, n'a pas dissuadés dans leur macabre entreprise de glorification de la présence coloniale en Afrique du Nord, et en Algérie particulièrement. Un pays qui a subi les pires atrocités commises, le comble du cynisme par une France se voulant et se présentant à ce jour, comme l'héraut mondial des droits de l'homme. Le pays de la triptyque utopique : Liberté, égalité, fraternité. Que de mots, que de maux… Ainsi donc, bille en tête, et se fichant comme d'une guigne du désarroi, voire de la crise, qu'elle peut susciter entre les deux pays, l'ancienne académie des sciences coloniales, fondée en 1922 et transformée en 1957 en académie des sciences d'outre mer, pour faire, on l'imagine, bonne figure dans un monde qui alors décolonisait à grande vitesse, vient de lancer un prix littéraire pour récompenser un ouvrage traitant des «aspects positifs de la colonisation». Chassez le naturel, il revient au galop comme le résume si bien l'adage. La droite, ou plutôt la droite ultra qui a pris les rênes du pouvoir en 2007, entend, elle, en finir avec ce qu'elle appelle «la repentance». Quitte à se mettre sur le dos une société civile très hostile, on le sait, aux thèses néocolonialistes, ainsi que tout ordre moral duquel se plaît-elle, cyniquement, à se revendiquer. En attendant la réaction des autorités françaises à cet énième hold-up contre l'histoire, la morale et surtout contre les droits de l'homme, il faut bien reconnaître que la France n'en finit pas de patauger dans les miasmes nauséabonds de son passé de pays colonisateur, asservisseur d'hommes, de culture et de morale. Dire que c'est le pays des droits de l'homme…