Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque centrale d'Algérie a signé, hier, à la librairie du Tiers monde son premier livre «La martingale algérienne, réflexions sur une crise», paru aux éditions Barzakh. Dans cet essai, il ébauche des thèmes, expose des réflexions avec une écriture simple, mais d'une densité remarquable. Dans votre ouvrage, vous parlez de la nécessité d'un débat avec la nouvelle génération… En réalité, j'ai passé ces quatre dernières années à parler à des gens moins âgés que moi, j'étais surpris de voir qu'ils voulaient absolument bâtir l'Algérie en oubliant le passé. Par conséquence, nous avons à chaque fois raté, entre autre le passage d'une génération à une autre. Il faut au contraire tenir compte du passé et surtout des erreurs. Mon message vise la nécessité d'engager une réflexion pour sortir des impasses. Quel diagnostic faites-vous de l'économie algérienne aujourd'hui ? Je ne peux pas répondre à cette question vu que je ne comprends pas la logique de l'évolution des événements. Honnêtement, je ne dispose pas de toutes les données pour pouvoir répondre à cette question, néanmoins, en tant que citoyen algérien, je me rends bien compte de ce qui se passe autour de nous. En tant qu'ancien gouverneur de la banque centrale d'Algérie, comment jugez-vous aujourd'hui la relation entre cette institution et le gouvernement ? Etant donné l'organisation actuelle des institutions, la Banque Centrale fait ce qu'elle peut pour maintenir le cap. Pour moi, la Banque Centrale ne peut pas faire face toute seule à la politique économique. Il faudrait une action plurielle. La concurrence économique entre les nations va-t-elle se jouer sur la base de la compétitivité produit ou sur la capacité de financement ? En tant qu'ancien gouverneur de la Banque Centrale d'Algérie, j'estime que le financement n'a jamais constitué une difficulté. L'essentiel échoit à la politique industrielle. En clair, il est important de se donner les moyens qui répondent aux normes internationales. Je pense particulièrement à une politique de solidarité. Comment la politique influe-t-elle sur l'économie ? A mon sens, je ne vois pas de frontière entre l'économie et la politique. C'est-à-dire, c'est une équation permanente. Question subsidiaire, partagez-vous l'avis de ceux qui disent que les USA favorisent pour les autres le libre échange et se réservent le protectionnisme et les exportations ? Il est important de savoir que tous les pays agissent de la même manière, ce n'est pas propre aux USA. Le marché américain est le plus large et le plus ouvert du monde. Il y a bien sûr des restrictions dans certains domaines. Des projets en vue ? j'active toujours en tant que banquier d'affaire. Un métier passionnant. Un mot de la fin. Pas de développement durable sans conscience de soi, pas de gouvernance efficace sans élite, pas d'économie performante sans démocratie, pas de liberté sans Etat fort.