Photo : APS. Venir à bout de la désertification en Afrique ne passe pas seulement par des fonds financiers, mais surtout par des programmes de développement nationaux que chaque pays doit mettre en place, a affirmé jeudi, à Alger, M. Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de la convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD), à l'occasion de la réunion régionale africaine préparatoire de la 10e session de la Conférence des parties de l'UNCCD prévue le mois prochain. «Nous avons 550 millions d'hectares de terres à fertiliser en Afrique, soit le tiers des terres agricoles de la planète, dont 23 000 hectares sont désertifiés chaque minute. Il faudra stopper cela pour lutter contre la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire. Or, pour cela, chaque pays africain doit dégager un plan d'action de développement rural. Car ce sont les communautés rurales qui souffrent le plus, surtout dans les régions arides. La sécurité alimentaire, ce n'est pas fournir de la nourriture à la population mais les aider à rendre leurs terres productives et leur permettre l'accès à l'eau», explique-t-il. Si des populations africaines meurent de faim, c'est parce que leurs terres ne produisent plus. «Les 405 millions de dollars dégagés par le fonds de l'ONU dans la période 2010-2014 pour la lutte contre la désertification en Afrique ne sont pas suffisants. Les Etats africains doivent s'entraider pour fertiliser leurs terres et adopter des programmes nationaux qui ont réussi à limiter les dégâts de la désertification, comme ceux de l'Algérie», dit-il en approuvant particulièrement le PPDRI (programme du projet de développement rural intégré). L'Algérie, en effet, rappelle M. Rachid Benaissa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, fait de la lutte contre la désertification via le développement rural l'axe principal de sa politique agricole. «Nous réussissons à préserver chaque année 3 millions d'hectares de la désertification. Mais d'un autre côté, dans les steppes, 32 millions d'hectares sont menacés de désertification dont 8 millions le sont sérieusement», fait savoir le ministre en signalant que la lutte contre ce fléau, qui touche 40% de la population africaine et 43% des terres productives, est un processus à long terme. Pour revenir aux déclarations du secrétaire exécutif de l'UNCCD, l'aide que les Etats africains doivent apporter les uns aux autres ne doit pas se manifester sous forme de charité mais d'investissement. «Lors de la Conférence des parties de l'UNCCD qui doit avoir lieu du 10 au 21 octobre en Corée du Sud, il sera question, notamment de constituer un groupe de partage de connaissance pour la mise en place des programmes de développement nationaux et la promotion des bonnes pratiques. Il s'agira aussi d'évoquer les questions scientifiques, budgétaires, de gouvernance institutionnelle et de coopération nationale liées au traitement de ce fléau», dit-il en se réjouissant de la tenue, le 20 de ce mois, d'un sommet des chefs d'Etat sur les moyens à mettre en œuvre pour la lutte contre la désertification, la sécheresse et la dégradation des terres. Un rencontre qui vient à point nommé, surtout que, comme le souligne M. Benaïssa, la perte des ressources naturelles, la dégradation des terres et la désertification restent très peu traitées et bénéficient d'une intention et d'une mobilisation internationales insuffisantes. Cela dit, le ministre comme M. Gnacadja, insiste sur le développement rural, synonyme de potentialités et d'avenir. «Il n'y a pas de territoire sans avenir, il n'y a que des territoires sans projet», conclut-il.