Les «extrémistes» qui s'opposent, au nom de la religion, à toute amélioration du statut de la femme, seront-ils sensibles aux arguments du Roi ? Les Saoudiennes auront dorénavant le droit de vote aux municipales, le seul scrutin au Royaume. Elles pourront même faire leur entrée au Majlis al-Choura, un conseil consultatif dont les membres sont désignés. Une première. C'est le Roi Abdallah d'Arabie Saoudite qui l'a annoncé hier à l'ouverture de la nouvelle session du Majlis al-Choura à Ryad, précisant que ce droit «ne sera pas effectif lors du scrutin de jeudi», le second dans l'histoire du pays qui verra les électeurs choisir la moitié des 285 représentants municipaux et le gouvernement le reste, mais en …2015 où elles ne pourront pas, selon les oulémas du royaume, se présenter comme candidates. «Parce que nous nous refusons à marginaliser les femmes dans la société dans tous les domaines (...), nous avons décidé, après avoir consulté les oulémas et d'autres personnalités, d'associer les femmes dans le conseil de la Choura en qualité de membres à compter de la prochaine législature. Les femmes pourront également se présenter aux élections municipales pour lesquelles elles disposeront du droit de vote dans le cadre des principes de l'Islam. Il est dans l'intérêt de notre patrie et des citoyens que l'on ne s'arrête pas devant les aléas du siècle. Nous devons puiser dans notre détermination et dans notre patience (...) pour les surmonter», dit-il sans faire allusion aux autres «interdits» qui persistent. Comme travailler, voyager, conduire une voiture, subir une intervention chirurgicale sans l'autorisation d'un homme de leur famille etc. Ce droit de vote donnera-t-il des ailes aux femmes qui ont lancé la campagne «Women2drive» le 17 juin dernier ? Une action, disent-elles, qui se poursuivra «jusqu'à la publication d'un décret royal autorisant les femmes à conduire». Certaines Saoudiennes, comme Manal al-Chérif qui a été détenue 10 jours en mai pour avoir défendu le droit des Saoudiennes à conduire une voiture dans le royaume, parlent de «décision historique». Les «extrémistes» qui s'opposent, au nom de la religion, à toute amélioration du statut de la femme seront-ils sensibles aux arguments du Roi ? Après avoir soufflé le chaud et le froid sur toutes les revendications démocratiques de la société, le monarque saoudien qui a débloqué 37 milliards de dollars pour calmer la rue, laisse penser qu'il est convaincu qu'une «modernisation équilibrée en conformité avec nos valeurs islamiques qui défendent les droits, est une demande importante dans ce siècle où il n'y a plus de place pour les récalcitrants». Le printemps arabe souffle enfin sur le royaume wahhabite.