Photo : Slimene S.A. «On devrait transformer la surliquidité des banques en ressources pour fonds souverains et financer ainsi l'économie productive», a suggéré, hier à Alger, Abdeldjallil Bouzidi, docteur en économie et enseignant à la Sorbonne-Nouvelle (Paris 3). Une option possible, selon M. Bouzidi, puisque «l'Algérie a trois fonds souverains», en faisant référence au fonds des réserves de change (près de 174 milliards de dollars), le fonds de régulation des recettes (FRR, 70 milliards de dollars), et le fonds national de l'investissement (FNI, 1,8 milliard de dollars). Ils peuvent servir de fonds souverains pour financer l'économie et surtout le secteur productif dont les PME en les alimentant avec la surliquidité (+136,2 milliards de dinars) ou l'épargne, a-t-il développé lors du petit-déjeuner du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) en collaboration avec la Fondation Friedrich Naumann. Pour l'économie algérienne, «la clé est de transformer l'épargne publique et abondante qui dépasse 50% du PIB (produit intérieur brut) en investissements productifs», a-t-il dit en ajoutant que «quel que soit le montant, il faudra commencer par un fonds d'investissement en domestique sur le long terme en développant le tissu des PME principalement privées mais aussi publiques sans s'interdire le partenariat avec des sociétés étrangères». Ce jeune économiste et vice-président de l'Observatoire des émergents et de l'association Algerian Talents Network, a relevé qu' «il y a un réel problème de transformation de cette épargne en investissement en Algérie pour repenser le modèle de financement de l'économie algérienne». Il s'agit d'un fonds nouveau qui sera un «outil pilote» puis l'élargir ou carrément «utiliser cette épargne dans le FNI qui répondra le mieux au financement de l'économie et mieux le cibler sur des projets à valeur ajoutée. Ce docteur en économie, spécialiste des finances, définit le fonds souverain comme étant «un véhicule financier public gérant l'argent public». Les ressources de ce fonds pourraient être portées jusqu'à 10 milliards DA, a-t-il signalé donc, il faudra des mécanismes pour transformer cette épargne en ressources pour fonds souverains d'autant que l'Algérie est classée 4e avec un taux d'épargne de 52% pour un taux d'investissement ne dépassant pas les 33% et l'industrie 4,5% du PIB. Pour sa part, Lies Kerrar, Pdg du Cabinet Humilis, a signalé que seulement «40% des dépôts bancaires sont réinjectés dans l'économie» et l'usage du FRR (alimenté par la fiscalité pétrolière) se limite actuellement à un exercice budgétaire en cas de déficit. Enfin, les économistes et les chefs d'entreprises présents au débat ont relevé que l'Algérie possède deux critères qui lui permettent d'avoir ses fonds souverains : des réserves de change importantes et un excédent commercial en sa faveur.