Les Allemands de l'Est se ruèrent par milliers, comme nos «haraga», pour rejoindre l'Ouest. Les Européens seront aujourd'hui au diapason de Berlin, au nom de la liberté et de la solidarité, pour célébrer, avec des conférences, expositions, spectacles, son et lumière, les 20 ans de la chute du Mur de Berlin, ex-symbole de la division du Vieux continent. Dans les pays de l'Est, la célébration du 9 novembre comme le jour qui a changé l'Europe, voire le monde, sera plus discrète. La plupart des capitales se contenteront d'expositions de pans du Mur de 160 kilomètres et de séminaires pour analyser comment ce Mur, que tout le monde croyait solide, s'est effondré après 28 ans d'existence. De grandes histoires auxquelles seraient mêlés Reagan, Jean-Paul II, Gorbatchev, Walesa ont été avancées pour expliquer cette chute. De petites aussi. Comme quand au printemps 1989, les Hongrois ont ouvert leur frontière avec l'Autriche, les Allemands de l'Est se ruèrent par milliers, comme nos «Haraga», pour rejoindre l'Ouest. A Berlin, les manifestations se multiplient. Elles ne cesseront que le 9 novembre. Ce jour-là, un membre du Politburo annonça, devant les caméras de télévision, que les voyages privés vers l'étranger « peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs ». Quelques heures plus tard, de jeunes Allemands - de l'Est comme de l'Ouest - s'attaquent au Mur qui divise Berlin depuis le 13 août 1961, prélude au démantèlement du bloc de l'Est et à la fin de la guerre froide. Dans la stupeur et la confusion, les portes du Mur s'ouvrent pour permettre aux Allemands de l'Est et de l'Ouest de tomber dans les bras des uns des autres après 28 ans de séparation forcée. Mikhaïl Gorbatchev, Kofi Annan, Dmitri Medvedev, Gordon Brown, Bill et Hillary Clinton, Lech Walesa, Nicolas Sarkozy, plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement des 27 Etats membres de l'Union européenne seront aujourd'hui à Berlin pour franchir l'ancien point de passage de la Bornholmer Strasse, réputé être le premier ouvert au soir du 9 novembre 1989. Penseront-ils, en se félicitant de l'effondrement de ce Mur de la honte, à tous les autres murs, comme ceux qui partagent la Palestine et le Sahara Occidental en deux ?