En cette fin d'année les amateurs de musique jazz ont été comblés. Le Centre culturel français leura offert un concert d'excellent niveau avec le groupe Triphase, venu spécialement pour cette soirée unique. Le fait rare qu'apporte ce groupe, c'est le plaisir de voir, d'écouter et de vivre les rythmes imprimés à la batterie par le talent d'artiste de Anne Pacéo, une jeune femme passionnée par la musique jazz. L'homogénéité des trois musiciens dans ce groupe est exemplaire. Leonardo Montana, piano, Joan Eche-Puig, contrebasse et Anna Pacéo, batterie sont unis par l'amitié dans la vie et par la musique dans leurs concerts. Les solides liens d'amitié ont été établis lors de leurs études au conservatoire de musique de Paris. Depuis, ils pratiquent le jazz, créant le trio Triphase. Leur originalité, c'est qu'ils composent eux-mêmes les pièces musicales qu'ils interprètent. Ils le font dans un esprit collégial. «Chacun apporte sa contribution et nous en réalisons une synthèse», précise Joan Eche- Puig. C'est ainsi que Leonardo Montana a composé avec ses compagnons un morceau de jazz qu'il a intitulé, Regrets, Anne Pacéo a, quant à elle, écrit Les belles choses de la vie, rendant hommage aux petits et simples bonheurs quotidiens qui sont les vrais plaisirs et les raisons de notre existence sur terre. Leurs compositions sont enregistrées dans un CD qu'ils viennent de mettre sur le marché. Quant à leur présence sur scène, un spectateur résume la qualité de leur jeu en disant après le concert «C'est du vrai jazz. Il y a bien longtemps que je n'ai assisté à un concert de jazz d'une telle valeur». Au piano, Leonardo Montana est sublime. Il rayonne dans les envolées aux vélocités surprenantes et il charme dans les douces mélodies. Anne Pacéo constitue le pôle d'attraction. Agréable à écouter et regarder, elle apporte une touche de féminité au jazz, contrastant avec la forme de force, tentée de violence et même d'agressivité des batteurs hommes Anna Pacéo donne ainsi aux rythmes et cadences du jazz ses seules mesures, pas plus. Elle fait ainsi découvrir le genre jazz dans sa vraie nature. Un public très nombreux a suivi ce concert, la salle restant ouverte, permet à d'autres personnes de le suivre de l'extérieur. Il s'est poursuivi en aparté, dans un cercle d'amis, avec la présence du maître de la chanson andalouse, Noureddine Saoudi, s'accompagnant de son propre mandole. Dans une ambiance chaude et conviviale, la voix purement mélodieuse de Noureddine Saoudi a fait découvrir, à ce trio de jazz, dans un esprit d'échanges entre les cultures, un tour d'horizon sur le patrimoine musical profond algérien. Les deux filles du maître Noureddine Saoudi, Zoraïda et Amira ont également prêté leur voix à ce récital improvisé qui a réjoui le cœur de tous les présents.