Photo : HORIZONS. Les modifications apportées aux logements en copropriété sont fréquentes dans toutes les villes du pays. La tendance est à la hausse et s'est généralisée à tous les segments du logement. En effet, dès que le souscripteur obtient les clés de sa nouvelle demeure, il recourt à la transformation de son habitation, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, sans se soucier des risques qu'il peut causer au bâti de la communauté et sans se demander s'il y a des textes autorisant ou interdisant ce genre de travaux sur de nouvelles constructions. La personnalisation de son logis est certes un droit, mais elle doit être avant tout subordonnée à une autorisation des parties concernées et surtout à l'avis d'un expert architecte. Ou mieux encore, ne faudrait-il pas, en amont, réaliser des logements qui répondent aux attentes des bénéficiaires. Souvent dans des annonces publicitaires, on peut lire ceci : « loue ou vends un F2 transformé en F3 ». Parfois c'est le balcon qui est sacrifié pour faire une autre chambre. Dans d'autres cas c'est la loggia qui devient salle de bain, et cette dernière fera office de chambre. Dans d'autres circonstances, c'est un mur qui est carrément supprimé pour obtenir une grande chambre ou un grand salon. Dans la plupart des cas, ces transformations ne sont pas permises par la loi. Mieux, le propriétaire ne demande pas l'autorisation à la mairie pour procéder aux travaux. Il suffit de faire appel à un maçon pour la modification de l'intérieur de chez soi. La faïence de la salle de bain, le carrelage, l'évier de la cuisine et le receveur de douche sont le plus souvent refaits. Il arrive que d'autres citoyens refassent de fond en comble leur habitation. Pour cela, il suffit de faire un tour dans les cités pour constater de visu les transformations des balcons, des loggias et dans certains cas les fenêtres qui sont agrandies ou réduites. Hayet B. a eu son logement social, il y a quelques années. Une fois la joie passée, elle s'est rendue à l'évidence qu'il y avait trop de malfaçons. Première constatation : les matériaux utilisés sont de bas de gamme. Le carrelage n'est ni nivelé ni poncé. L'évier de la cuisine était tellement minuscule qu'elle ne pouvait pas mettre deux assiettes en même temps. Dans la salle de bain, le receveur de douche était de mauvaise qualité ainsi que le lavabo. Alors que la faïence, tachée et fissurée, n'était placée que sur un petit pan de mur. Les chambres sont minuscules et dépourvues de placards. Il lui a fallu débourser plus de 400.000 dinars pour rendre son intérieur vivable, sans compter le barreaudage et la porte extérieure tellement fragile qu'un coup de poing suffit pour la fracasser. D'autres bénéficiaires de logement social ou de la formule LSP, iront jusqu'à transformer leur maison en supprimant le mur de soutènement. Par ignorance ou par inconscience, ils mettent en danger non seulement leur vie, mais également celle des autres. LA POLICE DE L'URBANISME ABSENTE Selon un élu qui a requis l'anonymat, seule l'APC d'Alger-Centre a mis en place des mécanismes pour faire face à ces travaux non autorisés. Les îlotiers qui travaillent en étroite collaboration avec les comités de quartiers signalent tout manquement à la loi. Mais les autres APC ont un service. Il s'agit de la commission technique. Cette dernière est composée d'ingénieurs en bâtiment, d'architectes et de techniciens supérieurs. Mais dans beaucoup d'APC, selon ce même élu, cette commission s'avère parfois inefficace. «Aucune sortie sur le terrain, aucun procès verbal de constat n'est établi» a-t-il soutenu. Selon lui, les citoyens doivent s'impliquer par civisme car il s'agit d'une question de vie et de mort. «Un mur de soutènement supprimé met en danger tout l'édifice ». Pour cet élu, la responsabilité est partagée. Les services du Contrôle technique de la construction (CTC) sont, eux également, mis en cause puisqu'ils ont la charge de classer les bâtisses selon leur degré de vétusté. Même les pompiers qui avaient les prérogatives de dresser des procès verbaux ne le font plus. Par ailleurs, il affirmera que les plaintes déposées par les citoyens au niveau des APC concernant les extensions ou les transformations de logements sont envoyées à la Wilaya. « Aucune suite n'est donnée à ces doléances, ce qui s'avère, parfois, fatal», a-t-il indiqué. L'effondrement à Bab El-Oued d'une bâtisse suite à une transformation à l'intérieur, en décembre 2008, et qui a fait un mort et des sans-abri, est l'exemple le plus concret.