Qu'il est bien malin ce plaisir de pondre un papier sur des talents en herbe. De la bonne herbe. Tellement las, à vrai dire, de gribouiller, en permanence, les mêmes antiennes, remettant au goût du jour, quasi mécaniquement, les mêmes tronches, identiques, sans trop d'aspérités, quand bien même ont-elles marqué la scène par leur génie. Mais de là, prendre son sujet, sur de nouvelles découvertes dont le pays, reconnaissons-le, foisonne, il faut bien dire que l'exercice s'avère extrêmement passionnant. C'est ainsi donc, que nous appréhendons ces deux petits frères, Mehdi et Ryad Guelmaoui. De brillants instrumentistes au talent tel, qu'ils plastronnent aujourd'hui au plus haut de l'échelle, dans la très dynamique association de musique andalouse Les Beaux Arts d'Alger, sous la férule protectrice de leur mentor et chef d'orchestre Abdelhadi Boukoura. Une troupe avec qui ils font des merveilles mélodiques, et qui allait vite, les propulser aux devants de la scène. Instrumentistes prodiges, Mehdi au luth- au piano aussi- et Ryad à la mandoline, ne sont pas venus à l'art comme on vient à la table. Loin s'en fait. Nés dans une famille résolument mélomane, élevés dans les mains d'une maman passionnée d'Andalou, musique qu'elle pratiquait autrefois, et d'un père mordu de Guerouabi, la voie des bambins était, ainsi, toute tracée pour épouser une carrière en musique. D'EL ACHOUR À GHERMOUL Prenant conscience de leur passion pour la musique de Ziryab, les parents Guelmaoui, envoient illico leurs deux rejetons au Centre culturel d'El Achour. Histoire de se mettre au parfum avec le monde magique des sons mélodieux, mais de s'initier aussi aux précepts de la musique « universelle ». Disons plutôt occidentale. Très vite Mehdi s'entiche du luth et en fait presque son jouet fétiche. Ryad, lui, va tout droit, presque instinctivement, à la mandoline. On voit aujourd'hui l'heureux résultat. Les deux frères ne tardent pas à découvrir l'Andalou. Orientés par leur professeur au Centre culturel d'El Biar, c'est là qu'ils y tombent pantois. C'est le coup de foudre. Et puis tout le reste. C'est-à-dire, les petits et les grands moments qu'ils vécurent dans leur odyssée. Et ainsi allaient les choses jusqu'aux jours où, dans la foulée d'une soirée musicale, le fameux duo fut découvert par l'infatigable Abdelhadi Boukoura. Très vite intégrés à la troupe, et très vite promus à la classe sup, les deux frères Guelmaoui ont réussi à s'imposer comme une pièce maitresse, partageant l'estrade à de brillants musiciens et interprètes pour ne citer que la talentueuse Dalila Ferhi. Dans leur jeune palmarès, ils comptent déjà le premier prix lors de la troisième édition du Festival de musique andalouse Sanâa (école d'Alger), une brillante participation au festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes d'Alger, et avec, à la clé, des projets de production en solo. Oui oui, ces deux là, n'ont pas seulement le talent, mais l'ambition aussi.