Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) qui active au Darfour, dans l'ouest du Soudan, menace de tourner le dos au processus de paix qu'il a engagé avec Khartoum. « Le gouvernement a mis fin sur le terrain au cessez-le-feu avec l'agression continuelle qu'il mène contre les positions du JEM », déclare le porte-parole du mouvement, Ahmad Hussein Adam promettant une « évaluation » de la situation prochainement pour voir s'il faut poursuivre ou pas le processus de paix. Selon lui, l'offensive de l'armée, en dépit d'un accord préliminaire de paix, avec des dizaines de véhicules militaires et d'hélicoptères, est « une tentative d'imposer une solution militaire » au conflit, avec la « complicité » de la mission de paix afro-onusienne au Darfour ((Minuad). Le JEM qui a signé en février à Doha un cessez-le-feu doublé d'un accord politique devant déboucher avant le 15 mars sur une paix durable avec les autorités soudanaises, reprendra-t-il les armes ? Un début de réponse à cette question pourrait être donné ce mois-ci : il est attendu à Doha pour reprendre les pourparlers, juste après la formation du nouveau gouvernement soudanais issu des dernières élections dont le JEM « rejette » les résultats. « Nous rejetons ces élections et leurs résultats », déclare Ahmed Tugud Lissan, négociateur en chef du Mouvement, promettant de « traiter avec le nouveau gouvernement comme un gouvernement du fait accompli ». Le 29 mars, le plus militarisé des groupes rebelles avait demandé à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement du Soudan pour qu'il cesse d'utiliser ses moyens militaires au Darfour. Il avait menacé pour la seconde fois en moins d'une semaine de reprendre les armes et de mettre la stabilité de toute la région en danger, en cas d'échec des négociations de paix. Le Soudan, qui s'apprête à organiser un référendum au Sud, est-il condamné à vivre dans la violence ?