Les négociations de Doha en vue d'une «paix définitive» pourraient déboucher sur «un accord final à signer avant le 15 Mars 2010». Le Soudan et un important groupe rebelle du Darfour ont signé samedi soir une trêve et un accord pour des négociations de paix directes, de «bonnes nouvelles» pour le président Omar El Bechir à l'approche d'élections-clés mais qui ne garantissent pas la fin de la guerre. «Nous avons signé un accord-cadre avec le gouvernement soudanais», a déclaré Ahmed Hussein, porte-parole du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour. Cet accord signé au Tchad encadrera les négociations de paix directes entre le JEM et Khartoum qui doivent s'ouvrir en début de semaine à Doha, au Qatar. «Nous y discuterons du partage des richesses, du partage de pouvoir, du retour des déplacés, de la compensation (pour les victimes du conflit) et des prisonniers» de la rébellion, a indiqué M.Hussein. Les négociations de Doha en vue d'une «paix définitive» pourraient déboucher sur «un accord final à signer avant le 15 mars 2010», a précisé la présidence tchadienne dans un communiqué. «Je n'envisage pas de difficultés majeures» dans ces négociations directes, a déclaré samedi soir, à l'aéroport de Khartoum, de retour du Tchad, Ghazi Salaheddine, conseiller du président soudanais Omar El Bechir sur le Darfour. Le JEM et le gouvernement soudanais ont aussi signé un cessez-le-feu qui doit prendre effet immédiatement. Et M.Bechir a annulé les peines de mort prononcées contre 105 membres du JEM reconnus coupables d'avoir participé, en mai 2008, à une attaque de la rébellion contre la ville jumelle de Khartoum, Omdurman. M.Bechir a aussi annoncé la libération prochaine de prisonniers du JEM, une décision saluée par le mouvement rebelle d'obédience islamiste et comptant sur de solides appuis au sein de la tribu zaghawa, établie au Darfour et dans l'Est du Tchad. Ces nouveaux développements ne signalent pas la fin de la guerre au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan en proie depuis 2003 à un conflit opposant des mouvements armés aux forces armées soudanaises appuyées par des milices locales. La situation demeurait tendue samedi dans le Jebel Marra, une montagne et sa vallée fertile au coeur du Darfour contrôlée par le SLA-Abdelwahid, après d'importants combats, la semaine dernière, avec les forces progouvernementales, selon des sources concordantes. L'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour (SLA-Abdelwahid), un leader laïque de la tribu Four - qui a historiquement donné son nom au «Darfour» - refuse de se joindre au processus de paix de Doha. L'entente avec le JEM «n'exclut pas les autres mouvements» de la rébellion, a déclaré M.Salaheddine, invitant ainsi le SLA-Abdelwahid et une pléthore de petits mouvements à se greffer aux négociations de paix. Ces nouveaux développements surviennent alors que débute la campagne pour les premières élections - législatives, régionales, et présidentielle - multipartites depuis 1986 au Soudan. Le scrutin doit avoir lieu du 11 au 13 avril. M.Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, avait promis vendredi «de bonnes nouvelles» qui allaient mettre fin au conflit au Darfour. Le Darfour est l'un des sujets-clés de la campagne électorale et M.Bechir souhaiterait avant le scrutin arriver à une solution, ou du moins à la mise sur pied d'un processus de paix sérieux, sur cet épineux dossier, selon plusieurs observateurs. Le conflit au Darfour a fait 300.000 morts selon les estimations de l'ONU, 10.000 d'après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.