La cagnotte du Festival du malouf de Constantine aurait gagné à être mieux répartie. Le groupe du jeune luthiste Abbès Righi de Constantine a remporté le 1er prix du Festival national du malouf, clôturé, mardi en soirée, au Théâtre régional de la ville (TRC) en présence d'un public record. Les 2e et 3e prix sont revenus, respectivement, à la formation Errachidia de Mascara et à la troupe Inchirah de Constantine, tandis que le prix d'encouragement du jury, récompensant, au titre de cette 3e édition, l'utilisation des instruments traditionnels, a été décerné aux élèves du conservatoire de musique de Constantine. Les 2,5 millions de DA alloués pour les prix du Festival national du malouf de Constantine auraient «gagné à être répartis de manière plus judicieuse», ont estimé hier des membres d'associations et des personnalités du milieu musical, présents à la clôture de cette manifestation. Jamais manifestation musicale n'a autant divisé le milieu musical de Constantine comme l'a fait cette 3e édition du Festival national du malouf, a affirmé Idriss B., un «habitué» de cet événement. Selon Salim Rouabah, un mélomane connu pour sa maturité d'esprit et sa modération, les montants «alléchants» mis en jeu sont à l'origine de la discorde. Il soutient que le premier prix d'un million de DA a «aiguisé trop de convoitises» pour être facilement accepté par les autres concurrents. «Normalement avec quelque deux millions et demi de dinars alloués aux distinctions, on aurait pu satisfaire et encourager bien plus de participants et être ainsi en conformité avec le caractère culturel de la manifestation clairement spécifié dans son intitulé», commentera-t-il à ce propos. Ce même interlocuteur estime que le festival, au lieu de jouer sur la fibre «matérielle» des concurrents en mettant en jeu de «trop grosses sommes» pour les prix et en limitant ces derniers à trois, aurait mieux fait de stimuler et valoriser la saine compétition culturelle en accordant des prix, fussent-ils plus modestes, mais plus nombreux et judicieusement répartis sur l'ensemble des aspects liés aux prestations des participants, comme «des distinctions pour les meilleurs solistes, les meilleures voix et autres». Abondant dans le même sens, Nadjib Zerrouk, membre d'une association, tout en reconnaissant le talent du jeune musicien lauréat du premier prix, a estimé que son récipiendaire, Abbès Righi, «ne réunit pas les critères d'appréciation stipulés dans le règlement de la manifestation, car il est membre de l'Ensemble national andalou et de l'Orchestre régional du malouf et a joué avec les musiciens de ce dernier orchestre, ses instruments et ses costumes». Une unanimité se dégage toutefois de l'ensemble des propos. Elle a trait au succès populaire de cette manifestation, à l'intérêt de plus en plus évident des jeunes pour la musique classique algérienne et à la passion que suscitent, sur le Vieux-Rocher, les débats autour du Malouf.