Crise n La situation reste tendue au Gabon après les troubles qui ont suivi la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle. «Le Gabon n'a pas besoin de l'aide militaire de la France, qui dispose d'un millier de militaires stationnés pour la plupart à Libreville, pour faire face aux violences post-électorales secouant le pays», a assuré, hier, son ministre de la Défense. «Nous n'allons pas utiliser les hommes du 6e BIMa (6e bataillon d'infanterie de Marine) qui sont sur notre territoire. Nous n'en avons pas besoin, nous ne sommes pas en état de siège», a déclaré le ministre de l'Intérieur, chargé de la Défense depuis mi-août dernier. Le ministre gabonais répondait à une question sur une éventuelle demande d'aide militaire à la France pour faire face aux violences enregistrées à Port-Gentil, à l'ouest de la capitale gabonaise, et dans une moindre ampleur à Libreville, après l'annonce officielle, jeudi dernier, de la victoire d'Ali Bongo à l'élection présidentielle du 30 août dernier. «Les capacités opérationnelles, nous les avons. Nous n'avons, pour l'instant, déployé que 30% des forces de défense et de sécurité», a expliqué le ministre. «Le Gabon n'a pas besoin, pour l'heure, de l'appui du 6e BIMa. Sa capacité opérationnelle est suffisante pour accomplir sa mission régalienne», a-t-il soutenu, en rappelant que le Conseil des ministres a décidé de «renforcer les mesures de sécurité sur toute l'étendue du territoire.» «La première mesure, c'est le couvre-feu» instauré dès jeudi dernier à Port-Gentil et en vigueur «jusqu'à nouvel ordre», a-t-il dit. Malgré cette mesure et le déploiement d'un important dispositif de sécurité à travers Port-Gentil, de nouvelles violences et pillages se sont déroulés par intermittences dans la nuit de jeudi à vendredi, et hier dans la journée. Ces violence ont fait au moins deux morts à Port-Gentil, la deuxième ville du Gabon. «Mon frère, Mbadinga Boulingui, 33 ans, a reçu une balle dans la tête jeudi au quartier de La Balise alors qu'il tentait de rentrer chez lui. Il est décédé aujourd'hui vers 17h 00», a confié hier son frère. «Juste au moment où j'amenai le corps de mon frère à la morgue, celui d'un autre homme, tué aujourd'hui (vendredi), a été amené», a-t-il ajouté. «Il avait été touché par balle à la poitrine.» Un élu national originaire de Port-Gentil a confirmé la mort de ces deux personnes. Environ 250 personnes réparties en petits groupes mobiles ont entrepris de piller des commerces dans le quartier de Ngadi. Des manifestants et pillards avaient notamment forcé la porte de la prison pour libérer les détenus et brûler la partie administrative du consulat général de France de la ville. Dans un entretien publié par le quotidien Le Monde, hier, Ali Bongo, dont la cour constitutionnelle a confirmé l'élection, a appelé l'opposition à accepter «le verdict des urnes» et pointé ses «responsabilités» dans les troubles. «La compétition est maintenant terminée. Le peuple gabonais ne peut pas être pris en otage», a ajouté le fils du président défunt Omar Bongo, élu, selon les chiffres officiels, avec 41,73% des suffrages pour un mandat de sept ans. Dans un communiqué officiel, le gouvernement a indiqué qu'il «ne saurait tolérer la volonté de chaos qui anime certains candidats et leurs militants qui voudraient plonger le pays dans les abîmes d'une violence politique».