Bilan n L'attaque, lancée 24 heures plus tôt par les talibans, du quartier général de l'armée, suivie d'une prise d'otages, n'a finalement pris fin que ce dimanche, contrairement aux déclarations des officiels, hier, qui affirmaient que l'armée maîtrisait la situation. Hier et aujourd'hui, les insurgés islamistes liés à Al-Qaîda ont démontré qu'ils avaient la capacité de frapper au cœur même du dispositif le plus sécurisé de ce pays. Près de 24 heures durant, ils ont tenu en haleine le monde entier dans une attaque très médiatisée suivie d'une longue prise d'otages, 42 militaires et civils employés par l'armée ont été retenus dans un bâtiment jouxtant le QG de la plus puissante institution pakistanaise, l'armée, dans la ville-garnison de Rawalpindi. L'assaut a été donné à l'aube, quelques secondes avant que les premiers muezzins n'appellent à la prière du matin. Trente-neuf otages ont été libérés en deux vagues, mais le bilan de l'assaut est lourd : trois civils et deux soldats ont péri, tandis que quatre ravisseurs ont été tués, a indiqué le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée. Le cinquième assaillant, blessé, a été capturé quatre heures après le début de l'assaut. Tout avait commencé hier en fin de matinée : des hommes armés et vêtus d'uniformes militaires s'étaient présentés, à bord d'un minibus, à l'entrée principale du Grand quartier général, qui abrite, entre autres, l'état-major au grand complet. N'ayant pas réussi à déjouer la vigilance des gardes, ils ont ouvert le feu et lancé des grenades. Dans les violents combats qui ont suivi, plus d'une heure durant, six militaires ont perdu la vie, dont un général de brigade et un colonel. Quatre assaillants ont été tués hier dans ces combats assez intenses, et les images des commandos se ruant vers les lieux et des hélicoptères de combat bourdonnant au-dessus du QG ont fait le tour du monde. Cinq autres insurgés avaient réussi à prendre la fuite avec des otages dans un bâtiment contigu. Le véhicule des assaillants, contrairement à la technique couramment utilisée par les kamikazes islamistes dans plus de 275 attentats ces deux dernières années, n'était pas piégé. Dès hier, l'armée a dénoncé une attaque du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaîda et combat Islamabad pour son alliance avec Washington dans sa «guerre contre le terrorisme». Ce groupe a d'ailleurs revendiqué l'attaque, selon plusieurs chaînes de télévision. Par crainte de nouvelles attaques, la sécurité avait pourtant été renforcée à Islamabad et à Rawalpindi, déjà transformées depuis de longs mois en véritables camps retranchés, constellés de check-points de la police et de l'armée. Car le nouveau chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a juré de multiplier les attaques contre l'Amérique et le Pakistan pour venger la mort de son prédécesseur Baïtullah Mehsud. Ce dernier avait été tué le 5 août par un des nombreux missiles tirés par les drones américains.