Réalité Dans un stade de Radès uni pour la même cause, la Tunisie, face à un Maroc trahi par son gardien, a décroché son premier titre africain. Enfin ! A force de travail et de patience, les Aigles de Carthage ont fini par inscrire leur nom sur le plus prestigieux des trophées du continent : la Coupe d?Afrique des nations. Après deux finales malheureuses, dont l?une à domicile (1965 et 1996) et cinq demi-finales, la Tunisie devient la treizième nation à mettre une véritable couronne sur sa tête. Au cours d?une finale historique, car exclusivement maghrébine, la Tunisie a prouvé qu?elle était l?équipe la plus réaliste, la mieux préparée et la plus déterminée. Dans leur jardin du 7-Novembre de Radès, qu?ils ne quitteront pas durant tout le tournoi, les hommes de Roger Lemerre frappent les premiers grâce à un but de Dos Santos dès la 4e minute de jeu. L?autre Brésilien naturalisé, Clayton, avait tiré une minute auparavant, mais Fouhami a détourné en corner. Sur le coup de pied de coin, Nafti redresse sur Dos Santos, curieusement seul dans une défense marocaine qui nous a habitués à mieux, qui ouvre la marque. Doucement, mais sûrement, les coéquipiers de Naybet vont reprendre le jeu à leur compte et parviennent à rétablir l?équilibre à la 38e minute sur une jolie tête plongeante de Mokhtari à la suite d?un débordement et un centre de la droite de Youssef Hadji. A la reprise, alors que les débats s?annonçaient équilibrés et indécis, une attaque tunisienne à la 51e minute permet à Clayton de se trouver en position de tir. Le gardien marocain Fouhami lâche la balle dans les pieds de Ziad Jaziri qui n?a aucun mal à mettre le ballon au fond des filets. Tout le stade de la banlieue de Tunis exulte. Cette fois devrait être la bonne. Mais attention, il reste 39 minutes à jouer et le Maroc a les moyens de revenir à tout moment. Les hôtes de la 24e édition de l?épreuve continentale vont réussir ce que les Algériens n?ont pas su tenir en quarts de finale : le score. Durant plus d?ne trentaine de minutes, les Marocains vont venir se briser sur une défense tunisienne héroïque où Bouazizi est omniprésent sur toutes les balles. Badou Zaki joue ses deux cartes El-Yaâgoubi et Zaïri sans que cela influe sur le cours du jeu. Bien au contraire, ce sont les Tunisiens qui gâcheront quelques bonnes occasions en fin de match pour faire le break par l?intermédiaire de Dos Santos. Trabelsi fait des signes des bras pour que le public maintienne son soutien jusqu?au coup de sifflet final de l?arbitre sénégalais Ndaye Falla. Quatre minutes additionnelles à consommer avant la délivrance. Les Tunisiens ont livré un bon match, appliqué et engagé, imprimés par un Roger Lemerre avare de paroles et déjà champion d?Europe en titre avec l?équipe de France. Ils ont démontré qu?ils avaient finalement les ressources non seulement de participer à une compétition de haut niveau mais surtout de la gagner. Le sélectionneur français de la Tunisie, animé par un véritable plan de relance, a longtemps prospecté avant de bâtir un groupe stable qui a fini par séduire le public et gagner sa confiance. La Tunisie signe ainsi le grand retour du football maghrébin qui grignote un septième titre face à l?hégémonie des vingt-trois succès de l?Afrique subsaharienne. Bravo à la Tunisie et pourvu que cela dure pour le football maghrébin !