Dans la tradition algérienne et maghrébine, le mort n'est jamais oublié et continue à vivre non seulement dans la mémoire, mais aussi dans les traditions. Le meilleur moyen de se le rappeler est d'attribuer son nom aux enfants qui naissent après lui. Certaines personnes, de crainte que leur nom ne soit pas repris, préfèrent attribuer leur nom, de leur vivant, à leurs petits-enfants. Des aumônes, plusieurs années après la mort de la personne, sont faites en souvenir d'elle, et les familles aisées organisent même des ouadhas ou repas collectifs en leur honneur. Enfin, des visites au cimetière sont organisées, parfois chaque vendredi ou, obligatoirement, à l'occasion des fêtes religieuses, notamment les deux Aïds (Aïd el-fitr qui marque la fin du jeûne du ramadan et l'Aïd el-kébir, ou fête du sacrifice). La visite se limite à se recueillir sur les tombes ou à les nettoyer. Dans beaucoup de régions aussi, on dispose sur la partie qui comporte de la terre, un broc, voire une vieille boîte de conserve, qu'on remplit d'eau. On pense aux oiseaux qui viennent s'y abreuver, mais en réalité, il s'agit là d'une offrande au mort : selon une croyance, très ancienne, décriée par les personnes pieuses, les morts comme les vivants ont besoin de nourriture, et principalement d'eau.