Constat n Un immense élan de solidarité des pays frères du Maghreb qui se sentaient bien plus près de nous que du lointain grand frère égyptien qui les a toujours considérés comme des peuples mineurs. Le sport et tout particulièrement le football, peut être, dans de nombreux cas, un vecteur et un excellent ciment de rapprochement entre les peuples. Une Coupe du monde, c'est un milliard de téléspectateurs devant leur petit écran, c'est une fête universelle de plusieurs semaines. C'est aussi des centaines de milliers de supporters venus des quatre coins de la planète et qui vibrent à l'unisson dans des stades souvent submergés de liesse populaire. C'est l'occasion pour beaucoup de se frotter à des nouvelles cultures et parfois même de lier des amitiés.Reportons-nous encore une fois au match Algérie-Egypte même si l'Egypte n'est pas un modèle de fraternité. Qu'avons-nous relevé avant, pendant et après la qualification de l'Algérie ? Un immense élan de solidarité des pays frères du Maghreb qui se sentaient bien plus près de nous que du lointain grand frère égyptien qui les a toujours considérés comme des peuples mineurs. La chaîne tunisienne privée Nessma TV s'est dépensée sans compter pour soutenir les Verts et ne s'en est jamais cachée, pas plus d'ailleurs que les citoyens lambda du pays. Même si nous avons eu quelques frictions avec les Marocains, le royaume chérifien dans son ensemble a pris parti pour notre équipe nationale dès le départ. Débat à la télé, interviews de spécialistes au JT de 20 heures, nos voisins, et parce qu'ils nous connaissent, se sont alignés sans calcul derrière l'EN. D'autant qu'ils ont eu souvent l'occasion d'être «méprisés», eux aussi, par les enfants du Nil qui se considèrent comme les dépositaires de l'arabisme. Le Soudan est allé même plus loin, d'abord en supprimant le visa d'entrée dans son pays pour nos supporters, ensuite en mettant toutes les commodités de Khartoum à leur disposition et surtout en les accueillant comme ses propres enfants. Des familles ont même accueilli des Algériens sous leur toit, d'autres les ont invités à passer l'aïd el-adha avec elles. Des confrères de retour de Khartoum ont raconté que des journalistes soudanais avaient les larmes aux yeux au moment où ils quittaient leur pays. Les Gazaouis, en Palestine, ont repris, quelques minutes seulement après le coup de sifflet final du match, les mêmes slogans de la victoire que les Algériens : «One, Two, Three, viva l'Algérie». C'était presque un cri de ralliement répété de poitrine à poitrine d'un peuple qui avait l'impression d'être libéré. Pas des sionistes, non, mais de leurs frères égyptiens qui leur ont muré le seul passage vers leur pays, celui de Rafah où ils pouvaient respirer et s'approvisionner. Ce soir-là, à Gaza, la victoire de l'Algérie avait pour les Palestiniens un arrière-goût de justice. Le seul… n N'avez-vous pas remarqué que les partis politiques si prompts d'habitude à enfourcher la monture de la protesta populaire ont été curieusement aphones pendant ces jours de liesse : les bruits de la rue qui clamaient leur joie et leur bonheur les ont apparemment dépassés… Pour la simple raison… qu'il leur était impossible de les récupérer et encore moins de les utiliser. Le peuple a su transcender tous les clivages et a administré la preuve qu'il était au fond le seul vrai parti de ce pays.