Grogne n Le malaise de la classe ouvrière ne se limite pas aux médecins et aux enseignants. Les employés exerçant dans le secteur économique ne sont pas épargnés par l'érosion de leur pouvoir d'achat. Les salaires qu'ils perçoivent ne sont pas en mesure de leur garantir une vie digne. Pourtant, leurs entreprises enregistrent de bonnes performances. Le début de l'année 2010 a été marqué par la colère des employés de la société nationale des véhicules industriels (Snvi) et ceux du complexe ArcelorMittal d'Annaba. La tripartite n'ayant rien apporté à leurs doléances, les travailleurs ont opté pour une grève de plusieurs jours afin de se faire entendre. Le complexe d'El-Hadjar a ainsi été totalement paralysé pendant plus de deux semaines. Les salariés s'inquiètent du sort du site et de la cokerie en particulier. Le syndicat a décidé de cette grève pour dénoncer le refus de la direction d'investir dans la rénovation de la cokerie du complexe sidérurgique. La direction de l'usine avait, rappelons-le, décidé, en octobre 2009, de fermer pour une année la cokerie, vieille de plus de 30 ans, afin de réaliser des travaux de rénovation avant de renoncer à ce projet pour des raisons que les travailleurs n'arrivent pas à comprendre. Pas moins de 7 000 employés se sont retrouvés dans l'impasse. Ils ont alors manifesté pour demander une prise en charge particulière, soit par leur maintien ou leur transfert vers d'autres usines d'ArcelorMital. La colère des travailleurs n'a cessé qu'après avoir reçu des assurances de la part des responsables de l'entreprise quant à leur avenir et aussi les plans de développement prévus pour l'année en cours. Le syndicat a, alors, exhorté dans ce sens les travailleurs à mettre fin à la grève et à se mobiliser pour atteindre cet objectif avec une meilleure discipline dans le travail avec, en point de mire, un «redressement durable de l'entreprise». Se réjouissant de la «disponibilité d'une feuille de route» quant aux perspectives de développement de l'entreprise, le syndicat «va s'atteler à mettre en œuvre le volet socioprofessionnel déjà négocié, relatif à la revalorisation salariale des métiers clefs, à la finalisation des organigrammes des structures d'exploitation et à l'étude des postes de travail pénibles», a indiqué un communiqué publié par le partenaire social. Le complexe ArcelorMittal d'El-Hadjar s'est fixé comme objectif, pour cette année, une production de 1,2 million de tonnes d'acier liquide contre quelque 750 000 tonnes en 2009. En outre, les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (Snvi) de Rouiba (Alger) ont paralysé les activités de l'entreprise pendant plusieurs jours pour revendiquer des salaires décents et plus de considération à leur égard de la part des responsables de l'entreprise. Après avoir reçu des engagements, les grévistes ont repris du service, tout en menaçant de reprendre la protestation en cas de la non-tenue des promesses. Faut-il s'attendre à d'autres mouvements de grève dans d'autres entreprises ? Les spécialistes prévoient que oui. Lire demain notre dossier : «Snvi : une entreprise ressuscitée, des travailleurs frustrés»