Quelques jours avant le tremblement de terre du 21 mai 2003 et quelques mois avant l?explosion meurtrière au complexe GNL de Skikda qui a causé des pertes humaines et des dégâts matériels considérables, le Conseil économique et social (Cnes) avait lancé des avertissements sur la question des grandes catastrophes naturelles et industrielles et plus exactement sur les risques potentiels qui leur sont liés. Bien que souvent confinée à la production de rapports d?ordre purement économique et social, l?institution présidée par Mohamed Salah Mentouri s?était autosaisie de ce dossier, et a élaboré un rapport intitulé «L?urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : inquiétudes actuelles et futures». D?emblée, il est mentionné dans ce document que «l?Algérie, tout autant sinon plus que de nombreux pays, est concernée par les risques inhérents aux aléas naturels et industriels». Il est aussi écrit que sachant que «la concentration de sa population se situe sur la frange côtière la plus vulnérable, on comprend davantage pourquoi elle réunit toutes les caractéristiques d?un pays à risques». Le document rendu public au début du mois de mai 2003, indiquait que «le pays se trouve sous la menace permanente de catastrophes de diverses origines, de grandes intensités et dont les impacts sont incalculables». Il conseillait que «des mesures de prévention adéquates soient prises au moment opportun pour réduire les risques encourus». Faisant le lien direct entre l?urbanisation non maîtrisée (ou sauvage) du pays et les potentiels risques de catastrophes majeures, les rédacteurs du document mentionnent qu?«il y a lieu de mettre particulièrement l?accent sur une forme d?urbanisation qui s?est traduite par des constructions sur des gazoducs». Pas moins de 27 centres urbains dans le pays sont concernés par ce phénomène. Les experts du Cnes ont fait état également de défaillances le plus souvent structurelles existant dans le domaine de la prévention des risques tant naturels qu?industriels. Ils n?ont pas hésité à parler de «démission» de l?Etat de son devoir de surveillance et de contrôle des normes établies.