Enfin n Rabah Saâdane a livré, hier, lors d'une conférence de presse, la liste des 25 joueurs retenus pour la stage de Crans-Montana en Suisse et le programme des Verts jusqu'au Mondial. A chaque fois qu'il se retrouve en face de la presse algérienne, le sélectionneur national Rabah Saâdane affiche une certaine nervosité et une tendance à être sur la défensive, dans certains cas même de l'agressivité. Pour quelqu'un qui invite son auditoire à plus de sérénité, il y a de quoi se poser des questions, alors que sur des plateaux de télévisions étrangères, Saâdane affiche une amabilité et une affabilité déconcertantes. Certains présents sont même allés jusqu'à dire que Saâdane a été sérieusement contrarié dans la confection de sa liste des 25 joueurs, ce qui l'a mis sous pression et dans un état de nervosité. Et tout le monde aura deviné d'où venait la contradiction et la pression, car seul le président Mohamed Raouraoua avait le droit de discuter le choix du sélectionneur et personne d'autre. C'est pour cela d'ailleurs, qu'à un moment donné de la conférence, Saâdane s'est écrié : «Les joueurs, ce sont mes choix et je les assume. Je sais que si j'échoue demain, je serai seul et j'en suis convaincu.» Est-ce à dire que l'entente Saâdane - Raouraoua n'est pas aussi solide qu'on le pense ou comme l'affirment les deux hommes à chacune de leurs apparitions médiatiques ? C'est un pas que nous n'oserons pas franchir pour l'instant, laissons donc le temps faire les choses. L'essentiel c'est qu'aujourd'hui, Saâdane a fait son choix, réaliste où le nombre des joueurs locaux s'est rétréci comme une peau de chagrin, où seuls les gardiens de buts et un défenseur (Laïfaoui) font partie des 25 pour le stage en Suisse. Le souci premier de Saâdane était, selon ses propres mots, de reconduire la même ossature et maintenir l'équilibre au sein de la sélection et donc de l'effectif, mais les aléas sont toujours là pour chambouler l'ordre établi, notamment les blessés (Bezzaz, Bouazza, Belhadj, Yebda, Bougherra, Lacen et bien sûr Meghni), que des cadres et des titulaires. Du coup, Saâdane s'est propulsé dans l'après-Mondial puisqu'il a décidé de rajeunir son effectif, de combler les besoins poste par poste et compartiment par compartiment, laissant la porte ouverte à d'autres éléments, comme Chakouri, Cherfa et autre Feghouli d'intégrer l'Equipe nationale dans les mois qui suivront la Coupe du monde, car d'autres échéances attendent les Verts (CAN-2012 et 2013, Mondial-2014). Un autre critère, parmi ceux mis en avant par Saâdane, pour le choix de ses joueurs : la motivation. «Est-ce que tu viens ou pas en sélection ?», explique le sélectionneur lorsqu'il approche les joueurs, notamment les nouveaux ; et c'est ainsi qu'un Guedioura lui répond, selon lui, «Oui coach, je suis à 2 000% avec la sélection.» Contrairement à Abdelmalek Ziaya qui n'a pas, toujours selon Saâdane, répondu aux sollicitations du staff technique affichant des réticences que le Cheikh expliquera par un manque de maturité de ce joueur pourtant pétri de qualités. «Ce joueur a besoin d'être orienté, guidé, et de progresser. On ne va pas le sanctionner car nous sommes avant tout des éducateurs, mais on ne veut pas le forcer à venir non plus. Il en assume la responsabilité.» Les joueurs locaux n'ont pas suffisamment le niveau pour faire une Coupe du monde. Pis encore, Saâdane ira plus loin : «Si nous avions joué avec les joueurs locaux seulement, nous ne serions jamais allés en Coupe du monde. Vous avez vu, comme moi, le niveau de l'équipe A' et je ne peux pas encore attendre pour montrer à un joueur comment se positionner sur un terrain de football !» . Aujourd'hui, Saâdane n'a qu'un seul dilemme : reconstituer son équipe et la préparer le mieux possible pour entamer le Mondial tambour battant. Pour lui, il y a 35 millions d'Algériens et autant d'entraîneurs, et il préfère ne pas trop entrer dans les détails pour expliquer le choix de tel ou tel autre joueur.