Appréhension A la veille de l?arrivée dans la ville du président de la République, toutes les mesures ont été prises pour éviter que des émeutes ne se déclenchent. Le président Bouteflika était attendu aujourd?hui à El-Oued où il devait se rendre pour une visite de travail et d?inspection. Depuis que le chef de l?Etat a entamé son périple, c?est la première fois que des journalistes étrangers (venus de France) sont conviés à couvrir l?activité présidentielle. La visite dans la région de Oued Souf intervient une semaine après les émeutes pour l?emploi de Ouargla, et la crainte est grande par ici de voir le mouvement de contestation gagner les jeunes dés?uvrés de la ville aux Mille coupoles. Une sorte de «chômagophobie» semble s?être emparée des autorités. Hier des renforts de police et des engins antiémeutes ont été acheminés vers le chef-lieu de wilaya. La forte proportion de chômeurs dont on crédite El-Oued incite à ne pas baisser la garde. «Nous avons le devoir de rester vigilants jusqu?à la dernière minute», nous confie un élément des services de sécurité. Des portraits du président auraient été déchirés par des jeunes. Pourtant, la région de Oued Souf ne manque pas d?atouts : une agriculture en pleine expansion peut, à terme, s?avérer l?antidote du chômage endémique en attendant aussi que le tourisme reprenne ses droits. Devant le manque de perspectives, la contrebande est devenue la principale activité des natifs de la région. La marchandise est réputée de moindre coût, parce que, estime-t-on ici, les gens du Sud se passent fort bien du luxe et des effets d?apparat dont raffolent les «Nordistes». Oued Souf doit aussi, dit-on, son nom au soufisme, doctrine mystique qui imprègne l?Islam maghrébin. Deux importantes «tariqa», la Tidjania et la Kadiriya, officient dans la région, elles recevront toutes deux Bouteflika. «Nous soutiendrons Bouteflika pour un mandat éternel», nous a déclaré le cheikh Hassan Mohamed Ben Brahim, chef spirituel de la Kadiriya pour l?Afrique.