Raúl, très bientôt, ne sera plus Madrilène. Après une histoire d'amour longue de 16 ans sous le maillot blanc du Real de Madrid, l'ange de la capitale devrait s'envoler sous les cieux brumeux d'Allemagne, à Schalke. Un départ annoncé qui tourne bien des pages de l'histoire du club merengue, comme l'explique Florentino Perez, président aux multiples casquettes, devant un petit comité de fans, accompagné du numéro 7, avant que celui-ci ne rejoigne la salle de conférence : «De nombreux joueurs font partie de la légende du Real Madrid, mais peu d'entre eux se détachent autant que Raúl... Raúl est unique, et son engagement infini cumulé à son travail sans pareil ont fait de lui l'amant de nos fans, lesquels le supporteront à jamais où qu'il aille. J'espère que tous les joueurs qui arriveront dorénavant à Madrid seront fidèles à l'héritage que va laisser Raúl dans cette équipe. Il symbolise en effet toutes les valeurs du «madridisme». Il a réussi à devenir le meilleur de tous, en symbolisant l'état d'esprit qu'exige le club», a ajouté le président madrilène, lequel n'est pas étranger - on le sait - au départ de la légende vivante du club avec sa politique de starisation du club. Pourtant, Florentino Perez refuse de prendre une quelconque responsabilité dans ce départ. «Raúl est maître de son destin et il a décidé de quitter le club, mais ce n'est pas un «au revoir» c'est plutôt un «à bientôt», à l'instar de ce qui s'est passé avec notre président d'honneur, Alfredo Di Stefano. Où que tu sois, ta maison est ici, et tu seras toujours le bienvenu. Nous ne t'oublierons pas, tout simplement parce que nous ne voulons pas t'oublier», a-t-il déclaré.A cela, Raúl Gonzalez Blanco a répondu, non sans émotion : «Real Madrid, je serai toujours là pour toi si tu as besoin de moi. C'est un jour très difficile pour moi aujourd'hui. J'aime le foot plus que tout, presque tout, je me sens footballeur, et je veux continuer à l'être. Dans chacun de mes gestes sur le terrain, j'essaie de donner le meilleur de moi, et je vais continuer ainsi. Le mot abandon n'existe pas, c'est ça aussi l'esprit du Real. «Hala Madrid !» conclura avec brio Raúl. Le premier but A 17 ans, face au rival l'Atlético l 228 buts sous le maillot du Real Madrid, rien qu'en championnat ! Partant probablement pour Schalke 04, Raúl est une légende vivante dans la capitale espagnole. Sa propre légende, il a commencé à l'écrire le 5 novembre 1994 devant le rival de l'Atlético. Pour le dernier, c'était le 24 avril passé, lors de la victoire des Merengues face au Real Saragosse sur le score de deux but à un. Il était l'auteur du premier but du Real Madrid juste après le début de la deuxième mi-temps. L'héritage «Casillas est là pour garder le temple» l Avec le départ de Raúl et celui de Guti, le Real Madrid voit deux figures emblématiques du club madrilène et deux de ses fidèles enfants. «Guti et moi méritions des départs distincts. Je suis ému pour lui autant que pour moi. Il va beaucoup manquer à l'équipe, c'est une figure emblématique et une personne géniale. Avec votre départ, la formation du Real va se sentir orpheline de canteranos. Eh bien ! Iker est toujours là et d'autres arriveront à coup sûr. C'est ainsi au Real. L'esprit du Real restera présent. Moi aussi, plus tard, je reviendrai pour aider le club, mais je ne sais pas encore comment». Le souvenir «L'annonce à maman que j'allais jouer avec l'équipe première» l El Siete n'oubliera pas de sitôt sa première convocation en équipe première du Real. Pour lui, c'est le meilleur souvenir de sa carrière de footballeur. «Sans hésitation, un jour où je suis rentré chez moi pour dire à ma maman que je faisais le déplacement à Saragosse avec l'équipe première du Real et que j'allais jouer. Mon père n'a jamais pu finir le repas, mais tout le monde était heureux pour moi. Des bons souvenirs, j'en ai mille ici ! Je me rappelle aussi un but que j'ai marqué face à Saragosse pour mes débuts alors que j'étais blessé. J'avais demandé le changement, mais on ne m'avait pas écouté. Je me suis dirigé vers la surface, le ballon m'est arrivé, je tire, je marque, mais je n'ai pas pu continuer plus longtemps. J'ai quand même ramené le ballon chez moi» L'idole «Guardiola, le joueur qui m'a marqué» l «Guardiola est le joueur qui m'a le plus impressionné, au travers de ce que j'ai vécu avec lui en sélection. Sur le terrain, il était déjà entraîneur. En sélection, on était souvent fourré ensemble ; il m'a offert de belles passes sur le terrain et je l'ai gardé en haute estime depuis lors. Au Real, je ne peux pas détacher un seul nom. J'ai côtoyé énormément de monde, je me suis toujours bien entendu avec les joueurs. Je pourrais vous dire Redondo, mais je ne veux pas non plus en oublier... Hierro, Sanchis. J'entretiens également de très bonnes relations avec Figo. J'étais avec lui samedi dernier. On en a profité pour parler. Il était déjà au courant de la décision que je prenais et il m'a appuyé. J'ai parlé avec beaucoup d'amis, et j'ai écouté leurs opinions». L'avenir «Schalke, ce n'est pas sûr» l Concernant son futur immédiat, Raúl dira qu'il préfère ne pas répondre à cela. «Mon futur immédiat, c'est mon départ du Real. Je ne veux pas parler du futur. Il sera très dur pour moi de venir jouer au Bernabeu avec un autre maillot. Je m'en vais en sachant que du premier au dernier jour ici, j'ai tout donné pour ce maillot. Je pense être resté fidèle aux valeurs de cette équipe et j'ai tenté de les transmettre à tous les nouveaux coéquipiers que l'on a accueillis ici durant toutes ces années». Pressé par les questions, Raúl finit par parler de son futur club. «Schalke a vraiment démontré un vrai intérêt pour moi depuis le début, même si j'ai eu d'autres contacts. Et les championnats allemands et anglais étaient mes deux priorités. J'ai évalué la possibilité de finir ma carrière ici, et finalement et pour le club et pour moi le mieux c'était que je parte. L'arrivée d'un nouvel entraîneur qui comptait sur moi aurait pu compter, mais j'avais pris la décision de partir. Mais je suis sûr que si j'étais resté, j'aurais joué assez souvent. L'entraîneur m'avait prévenu qu'il comptait sur moi, mais je préférais partir même si c'est une décision très douloureuse à prendre. La particularité «Le numéro 7 est un symbole, mais l'écusson est plus important» l Raúl devra se séparer de son numéro 7 qui lui a collé au dos pendant plusieurs années. Comme un symbole, c'était la dernière question qui concerne son numéro, le 7, qu'il va abandonner en même temps que ce maillot blanc qui lui colle à la peau. Le madrilène dira que c'est difficile de l'imaginer. «Le numéro 7 est un numéro symbolique au Real, un numéro que de nombreux joueurs de grand talent ont porté, un numéro qui pèse sur les épaules. Mais maintenant, il faut regarder vers le futur, un nouveau joueur va le porter, et il le fera bien. L'important, ce n'est pas le numéro mais l'écusson». La reconnaissance Valdano lui rend hommage l Une page se tourne au Real Madrid. Après le départ de Guti, c'est au tour de Raúl de faire ses valises. L'emblématique attaquant de la Maison blanche a fait ses adieux au club madrilène ce lundi après-midi. L'occasion aussi pour le directeur général des Merengue, Jorge Valdano, de saluer la carrière du buteur espagnol. «Raúl est le plus grand joueur du Real Madrid. Il représente les valeurs de ce club. Raúl a deux sentiments : la tristesse de s'en aller et la joie de commencer quelque chose de nouveau. Nous sommes tristes de le voir partir mais nous lui souhaitons bonne chance», a déclaré le dirigeant. Bien qu'annoncé avec insistance du côté de Schalke 04, Raúl serait également en contact avec d'autres formations. Le record Des chiffres incroyables l Après 323 buts en 741 matches, Raúl quitte la Maison blanche avec un palmarès éloquent. Avec le club madrilène, Raúl a remporté six Championnats et la Ligue des champions à trois reprises. S'il dispute la C1 avec Shalke cette saison, il pourrait battre le record de buts dans cette compétition détenu par l'Allemand Gerd Muller, 69 réalisations contre 67 pour Raúl actuellement. L'annonce de son départ suit celle faite dimanche par un autre joueur emblématique du Real : le milieu Guti, également 33 ans, qui devrait aller jouer au Besiktas (Division 1 turque).