Réponses n C'est un Saâdane détendu, mais moins motivé que d'habitude qui a animé la première conférence de presse en Algérie après le Mondial sud-africain et surtout après sa reconduction à la tête des Verts. Il ne régnait pas la même ferveur, au niveau de la salle de presse du stade du 5-Juillet, que celle qui a précédé la Coupe du monde. Pas de médias étrangers également, alors que nos confrères venaient en force. Normal, diriez-vous. La page du Mondial est bien tournée et les Verts en entament une autre, mais toujours avec le même sélectionneur qui a été reconduit pour deux nouvelles années, soit jusqu'à la phase finale de la CAN-2012 qui se déroulera en Guinée équatoriale et au Gabon. Et c'est d'ailleurs face à l'équipe de ce dernier pays que Saâdane et ses hommes entameront leur nouveau cycle sous le signe du maintien de la dynamique née il y a trois années lorsque le cheikh avait repris la sélection alors qu'elle était à plat, à l'issue de ses absences aux CAN-2006 et 2008. Hier, Saâdane, flanqué de son fidèle adjoint Zoheir Djelloul, s'est présenté devant la presse nationale pour donner les dernières nouvelles concernant son équipe, avec le stage d'avant le match contre le Gabon, et expliquer les objectifs qu'il s'est fixés pour la prochaine échéance, sans omettre de revenir sur la participation des Fennecs au rendez-vous sud-africain. Et d'entrée, le patron des Verts a tenu à remettre les pendules à l'heure : «Mon objectif, est de qualifier l'Equipe nationale à la CAN-2012. Je dis bien et j'insiste sur le mot qualification, car certains pensent que nous sommes déjà en Coupe d'Afrique. Or, croyez-moi, les choses vont être difficiles. Il faut donc remettre les pieds sur terre, oublier la Coupe du monde, préparer convenablement l'équipe, notamment sur le plan psychologique, se remettre en cause. N'oublions pas que nous sommes certes mondialistes, mais nous serons l'équipe à abattre», dira Saâdane avant d'aborder les changements qui ont touché l'organisation de la sélection. «Il y a eu pas mal de décisions au niveau des différents staffs avec comme objectif la réorganisation et le renforcement de l'Equipe nationale, ce qui était prévu depuis longtemps déjà. Pour cela, nous allons prendre le temps nécessaire pour pourvoir les postes du nouvel organigramme en fonction des besoins et des profils de compétence recherchés. » Le patron des Verts évoquera ainsi le départ de Walid Sadi, le manager de la sélection, et son remplacement par l'ex-international Abdelhafid Tasfaout, de Lamine Kébir, un de ses adjoints qui, selon lui, a trouvé une autre opportunité, mais aussi d'autres changements à venir avec déjà la venue de Boujemaâ Mohammedi, comme préparateur physique en attendant d'autres. Concernant le stage, le sélectionneur national a indiqué qu'il s'agira avant tout de procéder à une évaluation de la forme des joueurs sur le plan médical et la préparation. «Vous êtes censés savoir qu'après la Coupe du monde, les joueurs ont pris du repos et la majorité a repris vers le 15 du mois de juillet, ce qui signifie que nous sommes dans la période la plus délicate ; d'autant qu'après trois semaines d'entraînement, ils sont appelés à disputer un match très difficile», expliquera Saâdane sur un ton inquiet avant de poursuivre : «Le mois de septembre a été souvent difficile pour les équipes algériennes et le 3, face à une sélection tanzanienne bien en jambes, notre équipe ne sera pas prête, vu que plusieurs championnats n'ont pas encore démarré et que certains joueurs sont toujours sans club. Ce n'est qu'après cette phase que les joueurs seront mieux car ils auront joué régulièrement leurs rencontres de championnat.» L'effectif Lacen et Laïfaoui absents Pou ce qui est de l'effectif, Rabah Saâdane a rappelé qu'il avait retenu une liste de 22 joueurs au départ, mais que par la suite il a été contraint de laisser au repos le sociétaire du Racing Santander, Medhi Lacen, car il poursuit ses soins et sa rééducation suite à une pubalgie qu'il traînait déjà avant le Mondial, et qui risque même de compromettre sa participation au match face à la Tanzanie : «Ce sera difficile de le récupérer pour ce match, avoue Saâdane, car on ne voudrait pas rééditer les erreurs du passé. Pour cela, Lacen prendra le temps nécessaire pour guérir.» Un autre joueur, le défenseur Abdelkader Laïfaoui, a été laissé à la disposition de son club qui prépare un match important de Ligue des champions africaine. Le cas Ziaya en grande forme Le cas Ziaya a été abordé par Rabah Saâdane qui rappellera l'épisode d'avant le Mondial. «Ce joueur n'était pas vraiment bien dans sa tête. Lorsque nous avions fait notre tournée à Doha, le président et moi, nous avons fait un crochet par Djedda où nous avons rencontré le joueur, mais ce dernier était saturé et n'avait pas la tête à disputer une Coupe du monde, c'est pour cela que nous l'avons ménagé. Maintenant, c'est un nouveau cycle qui s'ouvre, et nous avons préféré reprendre le même effectif, et notre besoin de renforcer la ligne d'attaque a fait que nous convoquions Ziaya qui, selon les informations recueillies auprès du Dr Boudiaf lors du stage de l'Ittihad Djedda au Portugal, affiche une grande forme. Tant mieux pour l'Equipe nationale.» Le stage Des changements face à la Tanzanie Le staff technique a arrêté le programme du stage qui a débuté le 8 août au soir et se terminera le 12. Au menu, les Verts ont eu déjà une séance de décrassage à laquelle ont pris part 13 joueurs, le premier jour, dont le gardien Mbolhi qui a été parmi les premiers arrivés, malgré le décès de sa mère. Hier matin, 6 éléments devaient rejoindre le groupe, alors que le gardien Zemmamouche était attendu le soir où son équipe, le MC Alger, rentrait de son stage en Pologne. Hier, en fin d'après-midi, les coéquipiers de Madjid Bougherra se sont entraînés sur la pelouse du stade du 5-Juillet, théâtre de la rencontre face au Gabon, après avoir rencontré pendant une demi-heure les représentants de la presse nationale pour les interviews d'usage. Durant ce stage, le staff technique s'attellera à calculer la période de repos des joueurs et la meilleure manière de les utiliser. Comme il a prévu de tourner l'effectif au maximum en prévision du match de septembre face à la Tanzanie, et des changements seront normalement apportés en fonction de la forme sportive de chacun. Sur un autre plan, Saâdane, a souligné, comme à son habitude, que le résultat technique de ce match contre le Gabon, ne l'intéressait guère, et que seule la cohésion et le travail de fond que le staff apportera, seront retenus. Le Mondial L'hommage Le sélectionneur national a tenu à rouvrir le chapitre du Mondial-2010 pour remercier la Fédération algérienne de football et les pouvoirs publics pour avoir mis les grands moyens afin de permettre à l'Equipe nationale de se préparer et d'évoluer dans des conditions plus qu'idéales, malgré les difficultés dues aux nombreuses blessures des joueurs à quelques jours seulement avant le rendez-vous planétaire du ballon rond. Il rend hommage à tous ceux qui ont contribué à la réussite de la mission de la sélection nationale, tout en regrettant les départs de Sadi dont il a loué les compétences managériales, et qui constituait une paire efficace avec Djahid Zefzef en matière d'organisation, mais aussi de Kébir. S'agissant de ce dernier, Saâdane a tenu à rappeler que c'était tout le staff qui devait partir après le Mondial, mais qu'après sa reconduction, il était le seul (Kébir) à demander à quitter la sélection car il avait d'autres propositions. «C'est quelqu'un qui a beaucoup appris et progressé en Equipe nationale, ce qui est une excellente chose pour un jeune cadre algérien. Depuis le début, j'ai toujours voulu mettre des jeunes avec moi, pour qu'ils apprennent comme je l'ai fait avec les anciens, notamment le regretté Mokrane Oualikène dont je salue la mémoire au passage. C'est quelqu'un qui m'a énormément marqué depuis mon passage à la JS El Biar jusqu'en sélection, en passant par la DNC Alger. Au niveau de la DTN, j'ai également beaucoup appris avec les anciens de l'équipe du FLN, comme Maouche, ou bien des techniciens comme Rogov, et c'est ce que j'essaye de transmettre aux jeunes, comme Zoheir Djelloul qui, en 3 ans, aura capitalisé comme jamais il ne l'aurait fait dans un institut. Je suis pour l'algérianisation de l'encadrement de tous les staffs techniques des sélections nationales.» Le cheikh des entraîneurs terminera sa tournée des remerciements, en rendant hommage aux deux joueurs Yazid Mansouri, longtemps capitaine de l'Equipe nationale, et Rafik Saïfi pour tout ce qu'ils ont donné à la sélection, sans oublier les gens de la presse, qu'elle soit écrite, radiophonique ou télévisuelle pour avoir accompagné tout le long de ces mois et années la sélection durant son parcours qualificatif, à la CAN et en Coupe du monde. La leçon Chaouchi et l'équipe de France Eclairage n Le sélectionneur national ne pouvait pas éviter la question concernant le cas du gardien Fawzi Chaouchi qui n'a pas été retenu pour ce match face au Gabon pour des raisons disciplinaires. «La Coupe du monde nous a donné des leçons, à l'image de ce qui s'est passé en équipe de France. Sur le plan technique, Chaouchi n'a rien à envier à d'autres gardiens, et après le match face à la Slovénie il n'a jamais été question de le remplacer pour la bourde qu'il a commise. Il devait disputer la rencontre face à l'Angleterre, malheureusement il s'est blessé à l'entraînement et le staff médical a décidé de ne pas l'aligner, ce dont a profité Mbolhi pour prendre sa place et se distinguer. A partir de là, j'ai eu plus d'une demi- heure de discussion avec Chaouchi pour lui faire comprendre que l'Equipe nationale n'était pas un club et qu'il devait se comportait autrement, c'est-à-dire dignement vis-à-vis du groupe, des dirigeants, du staff technique. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que ce genre de chose arrive dans une équipe, mais il y a des limites et le règlement intérieur de la sélection nationale est clair à ce sujet. Attention, l'exemple de l'équipe de France est là pour nous rappeler que même de grands professionnels peuvent commettre de graves dérives. Ce qui est certain, c'est que nous ne nous sommes pas trompés au sujet de Chaouchi et c'est, en notre âme et conscience, que nous l'avons écarté de l'équipe momentanément. Nous avons été justes, comme nous l'avons été avec Mansouri lorsqu'il a fallu lui demander de rester sur le banc des remplaçants. C'était dur pour lui, le capitaine de l'équipe depuis dix ans, mais je tiens à préciser qu'il n'y a ni Ziani, ni Yahia, ni quelqu'un d'autre qui impose sa loi. De même que pour Saïfi, qui à un certain moment est devenu joker, et il l'a accepté. Arrêtez donc de dire qu'en Coupe du monde, un joueur peut entrer comme ça sur un terrain comme on entre dans un moulin. Je le dis et je le répète : si l'Equipe nationale est arrivée là où elle est aujourd'hui, c'est grâce à une maîtrise et une gestion parfaite du groupe des joueurs.» Le patron des Verts revient également sur les problèmes de fond du football algérien : «Le problème est que notre football est toujours en crise. Où sont les joueurs qui montent et qui ne déraillent pas ? Le problème est dans les clubs ; d'ailleurs tant mieux qu'ils passent professionnels, même si cela ne veut rien dire pour le moment. Sachez que l'Equipe nationale ne pourra pas couvrir éternellement le football algérien. Voyez les statistiques et vous allez vous rendre compte : en 2007, on a débuté avec une sélection 50% de joueurs locaux et 50% de joueurs pros ; en 2010, pour le Mondial, ils étaient 20 joueurs pros pour 3 seulement locaux, dont deux gardiens ! Moi, il m'intéresse d'avoir une base pour travailler régulièrement en Algérie, comme le font les Egyptiens, mais nous n'en sommes pas là, malheureusement.» L'adjoint Saâdane botte en touche l La question du renfort du staff technique a été effleurée par le sélectionneur qui, apparemment, ne voulait pas trop s'y attarder. Il dira simplement : «On verra bien, lorsque la nécessité s'en ressentira et que le bon profil se présentera», ce qui tranche, en quelques sorte, avec le discours du président de la Fédération et du communiqué pondu peu après la reconduction de Saâdane où le bureau fédéral indiquait qu'un renforcement du staff par un technicien de grande compétence était prévu. Rattrapé par une autre question sur le sujet, le sélectionneur national expliquera que le staff étudiera la question durant le ramadan dans le cadre de la réorganisation de l'équipe, mais que c'était au président de la Fédération d'en faire la communication. En écoutant les explications de Saâdane, on comprend bien que ce dernier n'a fait que botter en touche un dossier qu'il n'a pas à cœur car il reste fidèle à sa conception du staff technique, dont la composante est choisie par ses soins, et non imposée par quiconque. L'objectif «Pour moi, c'est d'abord la qualification» l Pragmatique et prudent jusqu'au bout, Saâdane est revenu sur la question de l'objectif qui lui aurait été assigné, soit une place en finale de la prochaine CAN-2012, en martelant : « Ce qui s'écrit sur le papier, est une chose, la réalité du terrain est toute autre. Ce qui m'importe, c'est d'abord le terrain et la qualification. Et croyez-moi, ce ne sera pas du tout facile, car le plus dur c'est de se maintenir au plus haut niveau. Nous sommes des mondialistes, et désormais personne ne nous fera de cadeau, à commencer par la Tanzanie. Voyez, nous sommes en début de saison, et deux de nos joueurs, en l'occurrence Halliche et Yebda, n'ont pas encore de clubs fixes, cela ne nous arrange pas du tout.» Et d'enchaîner : «Croyez-moi, la tâche de sélectionneur n'est pas aisée. Il est vrai, que dans ma tête j'étais partant après le Mondial, mais le premier responsable de la Fédération m'a convaincu sur la nécessité de poursuivre et je ne pouvais pas laisser s'effondrer trois ans de travail et de reconstruction. J'ai donc accepté pour maintenir la même dynamique. Aujourd'hui, et après une dizaine de jours de vacances, Dieu merci, je me remets dans le bain et je mesure toute la responsabilité du travail qui nous attend.» Le renfort «Il faut agir avec intelligence, sinon …» l «Nous allons entamer un processus de renforcement à des postes bien précis en fonction des objectifs techniques que nous nous sommes assignés», souligne le sélectionneur national qui zappe la question sur les noms de ceux qui viendront renforcer les rangs de la sélection. «Si nous avons décidé de ramener sept joueurs, huit avec Lacen qui n'avait disputé qu'un seul match auparavant, c'était pour préparer l'avenir et non pas pour aller gagner la Coupe du monde !». Concernant le cas Brahimi, Saâdane avertit qu'il faudra gérer le dossier avec beaucoup d'intelligence car il s'agira du choix du joueur, de sa motivation, de celle de sa famille, sans oublier la position de la Fédération française.» Quant au poste de latéral droit, qui tarabuste beaucoup d'observateurs, le coach précisera : «Une fois que la saison débutera, nous aurons l'opportunité de suivre plusieurs joueurs et là nous pourrons voir ce latéral droit qui manque à l'équipe. Rappelez-vous, une semaine avant le Mondial, la sélection était décimée par les blessures. Nous étions même obligés de faire jouer quelques éléments, comme Kadir ou Guedioura à des postes qui n'étaient pas vraiment les leurs.» L'adversaire Le match du Maroc en 2011, tant mieux ! l A la question sur l'adversaire marocain dans ce groupe qualificatif pour la CAN-2012, Saâdane rétorquera que fort heureusement que la double confrontation face aux voisins de l'Ouest, qui constitue le grand derby maghrébin, se déroulera en avril et juin 2011 : «A ce moment-là, nous aurons eu le temps nécessaire de nous préparer et surtout nous serons en pleine saison, c'est-à-dire que les joueurs auront le rythme et la forme nécessaires pour jouer à fond ces deux rencontres. Mais des appréhensions demeurent pour le match contre la Tanzanie qui, à mon avis, arrive au mauvais moment.» Avant de clore sa première conférence de presse post-Mondial au pays, Rabah Saâdane a tenu à lancer un appel au merveilleux public algérien pour lui demander de venir toujours en force et de soutenir son équipe quelles que soient les circonstances, comme ce fut le cas partout : à Blida, au 5-Juillet, à Dublin, à Nuremberg, à Polokwane, au Cap ou à Durban. Mbolhi Adi Rais Gobos Adrien (Slavia Sofia – Bulgarie) Zemmamouche Mohamed Lamine (MCA – Algérie) Si Mohamed Cédric (JSMBéjaïa – Algérie) Gaouaoui Lounes (USMBlida – Algérie) Laifaoui Abdelkader (ESSétif – Alger) Belhadj Nadir (Essad El-Qatari) Halliche Rafik (Benfica) Bougherra Madjid (Rangers FC – Ecosse) Bellaid Habib Mohamed (Eintracht Frankfurt) Mesbah Djamel Eddine (Lecce – Italie) Medjani Carl (Ajaccio – France) Lacen Medhi Gregory Guiseppe (Racing Santander – Espagne) Guedioura Adlane (Wolverhampton – Angleterre) Kadir Foued (Valenciennes – France) Boudebouz Ryad (Sochaux – France) Ziani Karim Koceila Yanis (VFL Wolfsburg GMBH – Allemagne) Yebda Hassan (Portsmouth FC – Angleterre) Abdoun Djamal (FC Nantes Atlantique – France) Matmour Karim (Borussia M'Gladbach – Allemagne) Ghezzal Abdelkader Mohamed (Bari – Italie) Djebbour Rafik Zoheir (AEK Athènes – Grèce) Ziaya Abdelmalek (Ittihad Djedda - Arabie saoudite)