Verdict n Le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou a condamné, hier à 15 ans de prison ferme, H. Sadek, B. Karim et Z. Kamel, pour association de malfaiteurs et tentative de kidnapping. Les faits, qui se sont déroulés dans la commune des Ouadhias, remontent au mois de mars de l'année en cours, quand trois jeunes décident d'enlever le fils d'une riche famille de la localité pour réclamer une rançon. Selon l'arrêt de renvoi, l'instigateur de cette «opération», Z. Kamel, n'est autre que le cousin de la victime et connaît tout sur la famille Z., y compris les déplacements des enfants. Une semaine avant de passer à l'acte, les malfaiteurs qui se sont réunis dans un bar aux Ouadhias, se sont réparti les tâches. Z. Kamel a fourni les renseignements nécessaires, B. Karim s'est chargé de ramener le véhicule, une Toyota Corola à grand coffre louée par son frère et de trouver un gourbi à Taguemount Lejdid pour cacher la victime. C'est aussi lui qui devait contacter par la suite la famille de la victime (pour demander une rançon dont le montant n'a pas été fixé), car étant celui des trois qui parle le mieux l'arabe. Les auteurs de la tentative de kidnapping avaient l'intention de se faire passer pour des terroristes. L'enlèvement devait avoir lieu le 8 mars, mais il a été reporté au lendemain, car ce jour-là, Journée de la femme, les enfants n'avaient pas cours et n'allaient donc pas sortir comme d'habitude avant 7h pour attendre le fourgon qui les conduit à l'école. Le lendemain, vers 6h 40, H. Sadek et B. Karim arrivent à bord de la Toyota, dont les vitres ont été rendues opaques par du plastique, devant la maison de la famille Z. Les deux malfaiteurs avaient pris le soin de cacher leur visage avec des cagoules confectionnées à partir des manches d'un body. Les enfants sortent et H. Sadek tente d'attraper Z. Makhlouf qui s'échappe en criant à son cousin Nabil, 9 ans, de s'enfuir, mais H. Sadek l'avait déjà agrippé et essayait de le traîner de force vers le coffre de la voiture qu'il avait pris le soin d'ouvrir. Le courage d'une mère La mère du petit Nabil, mue par son instinct maternel, n'a pas hésité un instant à s'opposer à H. Sadek pour sauver son fils. Ayant entendu les cris du garçon, elle a accouru et tenté de le retirer à son ravisseur. Ce dernier lui assène un violent coup sur la bouche avant de la rouer de coups. «Il n'arrêtait pas de me frapper et moi je ne voulais pas lâcher mon fils, nous sommes tombés tous les deux (l'enfant et sa mère ndlr) par terre, il m'a encore frappée et moi j'appelais mon mari. Lorsqu'il a réalisé qu'il ne pouvait pas m'arracher Nabil, il a pris la fuite», a déclaré la mère, appelée hier à la barre en qualité de victime. Elle dira que B. Karim, également encagoulé, qui accompagnait H. Sadek, est venu vers elle lorsqu'il l'a vue arriver au secours de son enfant, mais elle a réussi à lui échapper. Farid, le père de Nabil, a raconté qu'il a pris sa voiture pour prendre en chasse les malfaiteurs, mais ces derniers ont réussi à le semer en bifurquant à l'intersection Ouadhias - Taguemount Lejdid, lui ayant poursuivi la route vers Takhoukht. Hier, lors du procès, les trois mis en cause ont nié avoir préparé un quelconque enlèvement. Z. Kamel dira qu'il avait rendez-vous avec les deux autres détenus pour aller à Alger dans la perspective d'acheter une machine à café, H. Sadek a déclaré qu'il s'est présenté vers 6h 40 chez la famille Z. pour demander à Z. Rachid, le père du petit Makhlouf, de lui donner l'argent qu'il lui doit. Et B. Karim dira qu'il a accompagné H. Sadek pour aller chercher Z. Kamel pour aller à Alger et que H. Sadek s'est arrêté en route pour régler une petite affaire». B. Karim est celui qui a fait échouer l'enlèvement, car lorsque la mère est arrivée, il a pris la fuite, laissant son acolyte seul. A propos du SMS envoyé par Z. Kamel à H. Sadek lui disant «prépare-toi pour l'affaire du siècle», Z. Kamel dira : «Il s'agit d'un poème que j'ai l'habitude d'envoyer à mes amis.» Le procureur a requis 20 ans de prison ferme contre les trois mis en cause. Ces derniers ont été reconnus coupables et condamnés à 15 ans de réclusion criminelle. «Je me suis agrippé au pont» Le petit Nabil, présent hier au procès, à raconté sa mésaventure : «Je suis sorti avec Makhlouf pour attendre le fourgon, et j'ai vu une Corola grise à vitres fumées. J'ai entendu mon cousin me demander de m'enfuir. Une personne encagoulée qui tenait deux sacs poubelle, m'a attrapé et voulait me traîner vers le coffre ouvert de la voiture. Je me suis accroché au pont de toutes mes forces. Ma mère est arrivée pour me dégager. Il l'a frappée au visage et l'a rouée de coups car elle ne voulait pas me lâcher. Elle était ensanglantée.»