Radiations n Les vieux Adraris qui ont perdu la vue à cause de l'intense lumière dégagée par l'explosion et les enfants souffrent de malformations congénitales. Dans le secteur sanitaire d'Adrar, on confirme la «fréquence anormale» de naissances de bébés malformés dans la région... Présidente du bureau local de l'Union des femmes algériennes (Unfa), Mme Meriem Bendiba se désole de ne pouvoir, à ce jour, obtenir les chiffres exacts du nombre de cancéreux dans sa wilaya. «Les chiffres officiels avancent 95 cancéreux, mais je ne pense pas que c'est juste. Ce chiffre ne paraît-il pas insignifiant au vu de tous les essais nucléaires des militaires français en 1960 ? » s'est-elle interrogée, assurant que les citoyens de sa wilaya souffrent de tous types de cancers : le goitre, des cancers de la peau, des yeux, du sein et du sang. Notre interlocutrice, qui fait partie du corps médical et qui fait des campagnes de sensibilisation au niveau des k'sours, déplore également que ses efforts n'aboutissent pas : «De nombreuses femmes ne consultent pas à temps. Et quand elles décident de consulter, elles se dirigent vers des médecins non spécialisés. Plusieurs de ces femmes décèdent dans l'anonymat, sans que personne ne sache leur maladie. Elles préfèrent souffrir que de divulguer le lourd secret qu'elles ont fait de leur maladie, pensant que cela pourrait nuire à l'avenir de leurs filles en âge de se marier. Selon, elles personne n'acceptera de se marier alors avec leurs filles.» Mme Bendiba revendique la concrétisation du projet de réalisation d'un centre du cancer pour ces citoyennes, prévu lors du précédent quinquennat. «J'ai appris, malheureusement, que ce projet a été annulé», souligne-t-elle. «Nous avons un service d'oncologie qui s'avère insuffisant pour toute la wilaya.» Les malades, dans leur majorité démunis, sont contraints de se déplacer dans une autre daïra, parfois à plus de 900 km, ou la wilaya la plus proche, Ghardaïa, distante de plus de 800 km, voire Alger, à 1500. Livrés à eux-mêmes, sans aucune aide, ils comptent dans la plupart des cas sur la charité des bienfaiteurs. Un simple ticket de bus pour Ghardaïa coûte 3000 DA et un billet d'avion pour Alger 20 000 DA, ceci uniquement pour les frais de déplacement. «Certains bénéficient de billets gratuits mais après moult interventions. D'autres ont juste un aller simple sans retour. Pourtant, c'est un droit et un acquis. La mammographie coûte pas moins de 3 500 Da. Ils n'ont pas non plus où se loger, à part les hôtels, dont le moins cher est à 1 500 Da à 3500 Da la nuitée. Pourquoi ne passent-ils pas en priorité dans les structures de santé ?» Maître Benbraham, en charge du dossier des essais nucléaires à Adrar, a rappelé encore une fois que notre pays a connu un crime des plus graves contre l'humanité. «Ces essais nucléaires ont été faits avec une matière très dangereuse, un poison atomique : le plutonium, qui reste dans le sol, dans l'atmosphère et le sous-sol pendant plus de 24 400 ans et a pour effet de transformer l'Adn humain», précise-t-elle, avec des documents à l'appui. «Les générations à venir connaîtront de nouvelles formes de cancer», annonce-t-elle.