Résumé de la 99e partie n Victoria ne comprend toujours pas pourquoi on l'a teinte en blond platine... J'étais comme vous, dit-il, un jour la première fois que j'ai participé à des fouilles. — Il y a longtemps de cela ? Il sourit. — Plutôt… Quinze ou seize ans. — Vous devez bien connaître le pays ! — Celui-ci et puis d'autres ! La Syrie, la Perse... — Parlant arabe comme vous le faites, vous pourriez facilement vous faire passer pour un Arabe. Il ne vous faudrait que le costume… Il secoua, la tête. — Ne croyez pas ça ! Je ne pense pas qu'il y ait un seul Anglais qui ait jamais pu se faire prendre pour un Arabe. — Pourtant, Lawrence ? — Peut-être, mais ce n'est pas sûr. Non pour moi, le seul homme qui ait jamais réussi à se déguiser en Arabe et à tromper les indigènes eux-mêmes est un garçon que j'ai connu et qui était né en Orient. Son père était consul à Kashgar ; il avait, tout enfant, appris toutes sortes de dialectes généralement ignorés des Européens et j'imagine qu'il ne les a pas oubliés... — Qu'est-il devenu ? — Je l'ai perdu de vue quand nous avons quitté le collège, nous étions à Eton ensemble. On l'appelait le Fakir, parce qu'il pouvait rester un temps interminable sans bouger. Je ne sais pas ce qu'il fait maintenant... encore que je m'en doute un peu. — Vous ne l'avez jamais revu ? — Si, une fois... A Bassorah, l'autre jour... Je l'ai même rencontré dans des circonstances assez curieuses... — Ah, oui ? — Je ne l'avais pas reconnu. Il était habillé comme un Arabe, avec le keffiyah et une vieille vareuse d'uniforme, il égrenait entre ses doigts un de ces colliers de perles d'ambre, comme les Arabes en ont parfois, et j'y faisais à peine attention quand je me suis aperçu que les perles ne tombaient pas l'une sur l'autre à intervalle régulier et qu'en fait il s'agissait d'un message en morse, qui m'était destiné... — Comment vous en êtes-vous rendu compte ? — Il répétait mon nom, ou plutôt mon surnom, et le sien ! «Qu'il allait y avoir de la bagarre et qu'il comptait sur moi. — C'était vrai ? — Oui. Il s'est levé, allant vers la porte, et, au même instant, une espèce de voyageur de commerce, un type de qui on ne pouvait vraiment pas se méfier, étant donné son air calme et paisible, a tiré un revolver de sa poche et l'a brandi dans sa direction. J'ai administré un coup sec sur le bras du bon-homme et Carmichaël a pu disparaître. — Carmichaël ? Elle avait répété le nom d'un ton si étrange que Richard tourna la tête vers elle. — Oui... C'est son nom. Vous le connaissez ? Victoria songea qu'elle obtiendrait un bel effet de surprise si elle répondait : «Il est mort dans mon lit.» — Oui, dit-elle, je le connaissais. (à suivre...)