Cinq personnes ont été blessées jeudi à Sanaâ lors de violents heurts entre manifestants et partisans du pouvoir qui se poursuivent depuis cinq jours. Les manifestants, des étudiants pour la plupart, dont le nombre est estimé à quelque 2 000 personnes, ont été attaqués dès leur sortie du campus par des partisans du Congrès populaire général (CPG), armés de gourdins et de pierres. Douze manifestants ont été blessés. Les forces de sécurité ont tiré en l'air pour tenter de séparer les deux parties. Hier de violents heurts ont opposé des manifestants anti-régime et policiers dans le sud du pays, faisant deux morts, au moment où des centaines de protestataires ont été dispersés à coups de gourdins dans la capitale, Sanaâ, par des partisans du président Ali Abdallah Saleh. La journée d'hier a été sanglante à Aden, la principale ville du Sud. Deux manifestants y ont été tués et deux autres blessés lors d'affrontements entre les forces de sécurité et des centaines de manifestants réclamant le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans dans ce pays pauvre et instable de la péninsule arabique et un allié clé de Washington dans sa lutte contre Al-Qaîda. «Yassine Askar, l'un des trois blessés qui étaient traités à l'hôpital Naqib a succombé et son corps a été transporté à la morgue de l'hôpital Joumhouria», a déclaré une source hospitalière. Avant lui, un autre manifestant, Mohammad Ali Alwani, grièvement blessé par des tirs des forces anti-émeutes tentant de disperser les manifestants antigouvernementaux, a succombé. Des centaines de jeunes s'étaient regroupés sur une place servant de gare routière à Aden. Ils ont ensuite pris d'assaut le siège de la municipalité dans le quartier de Mansoura et mis le feu à quatre voitures. Les manifestations qui se poursuivent depuis plusieurs jours dans le pays sont organisées à l'initiative d'étudiants et de composantes de la société civile. L'opposition parlementaire, qui a décidé de reprendre le dialogue avec le régime, est restée à l'écart de la contestation. Elle n'a plus organisé de manifestations depuis une marche de dizaines de milliers de ses partisans le 3 février, après les promesses de réformes annoncées par le chef de l'Etat.