Soif n Pour arriver au pouvoir, Bokassa a véhiculé de grandes idées de retour à la terre. Rapidement, le «soudard», comme l'appelait le Général de Gaulle, perdra tout sens de la mesure. Il faut être naïf ou foncièrement candide pour croire que les dictateurs et les dirigeants qui se sont hissés au sommet d'un Etat ne se soucient pas de leur retraite. Certains mêmes y pensent et y travaillent dès le premier jour de leur accession au pouvoir. Sur ce plan, l'Afrique nous donne malheureusement les plus mauvais exemples. Sekou Touré, l'homme fort et charismatique de Guinée, qui a osé dire «non» au référendum sur la communauté française préférant l'indépendance totale et non négociable de son pays, s'est révélé à la fin de sa vie n'être qu'un politicien avide d'argent et de pouvoir. Une enquête a permis de savoir qu'il possédait à New York un compte alimenté de 5 millions de dollars. Une somme pour le moins faramineuse qui laisse planer un grand doute quant à sa provenance. D'où lui est venu ce pactole, lui qui n'avait qu'un maigre salaire de Président socialiste ? Du moins le prétendait-il. Un autre exemple. Celui de Léopold Sedar Senghor, Président du Sénégal, que les Français admirent pour son extraordinaire culture. Il est en effet agrégé de grammaire et a étudié au lycée Louis-le-Grand avec Pompidou, son ami d'enfance. Ce dirigeant s'est quand même autorisé l'acquisition d'un immense château, qui lui a coûté plusieurs centaines de millions d'anciens francs. Avec quel argent a-t-il pu se payer un domaine aussi prestigieux classé, qui plus est, patrimoine culturel français ? Le Président Bongo, fera, comme on dit, plus fort ! Au terme de trente années de pouvoir solitaire à la tête de son pays, il a réussi à amasser une fortune colossale, répartie sur des comptes bancaires à Paris, en Suisse et probablement aux Etats-Unis. Et tant que son fils, qui préside actuellement aux destinées du pays sera au pouvoir, le peuple gabonais ne pourra jamais récupérer les avoirs de son ancien dictateur. La Côte-d'Ivoire a été également dépouillée d'une partie de ses richesses que Laurent gbagbo a mis dans sa poche. Les services français connaissent, grâce à leurs propres recoupements, l'étendue exacte de la fortune de ce chef de l'Etat. Ils savent même, dans le moindre détail, comment elle a été répartie et qui ont été les heureux bénéficiaires. Selon l'Elysée, Mme Gbagbo et 17 personnalités très proches de son époux ont abondamment puisé dans les caisses de la République. Un autre dictateur fera longtemps jaser dans les chaumières en Afrique. Jean Bedel Bokassa. Cet ancien sergent de l'armée française reversé dans l'armée de son pays, la République centrafricaine obtiendra très rapidement ses galons de général. Un grade qui n'est qu'un simple tremplin pour lui puisqu'il réussira, grâce à un coup d'Etat militaire, à prendre le pouvoir et à devenir président de la République. Décidément non satisfait de ses galons, il se bombardera maréchal et même empereur. Il sera intronisé au milieu d'un faste exceptionnel digne des plus grandes cours d'Europe entouré par des invités de tout le gotha princier. Toutes les dépenses liées aux cérémonies et aux fêtes de la nouvelle couronne seront évidemment supportées par le Trésor public. Pas seulement. Par les rivières de diamants que possédait Bokassa également et qui sont propriété de l'Etat centrafricain. Le pays en effet regorge de matières précieuses, à tel point que le nouvel empereur en offrait régulièrement à ses hôtes de passage dans la capitale. Valéry Giscard d'Estaing en a reçu comme de nombreux autres chefs d'Etat qui restent toutefois très discrets sur le sujet de peur du scandale. Surtout lorsque Bokassa sera chassé du pouvoir !