Hasard informatique, mais vengeance du destin : le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, qui aime afficher son goût pour les jolies femmes, doit être jugé, à compter d'avril, par un collège exclusivement féminin, pour avoir fait se prostituer une jeune fille mineure. La revue catholique italienne ‘Famille Chrétienne' a cueilli au vol l'ironie de la situation : «La sentence est aux mains de trois dames. On pense immédiatement à (la déesse) Némésis : toi Berlusconi tu t'es servi des femmes, ce sont elles qui te jugeront.» Cette déesse grecque de la vengeance semble presque taillée sur mesure pour le Rubygate où M. Berlusconi est accusé d'avoir rétribué les prestations de Karima El-Mahroug, alias «Ruby, la voleuse de cœurs», et d'avoir fait pression pour la faire relâcher après son interpellation pour vol en mai dernier. «Giulia Turri, Carmen d'Elia, Orsolina de Cristofaro : trois femmes sur la route vers le crépuscule de Berlusconi», a commenté le journal d'extrême gauche ‘Il Manifesto'. Elles ont été un demi-million dimanche dernier à descendre dans les rues pour crier «basta !» (ça suffit !) au milliardaire et magnat de la télévision, et surtout à un mécanisme de promotion des femmes qui se résumerait au passage dans le lit des puissants. Par le plus grand des hasards, l'empreinte féminine est très forte dans le Rubygate : le principal magistrat enquêteur est la juge antimafia Ilda Boccassini, bête noire du Cavaliere lors de précédentes enquêtes pour corruption, surnommée «Ilda la rouge» pour la couleur de ses cheveux et sa fougue. C'est encore une femme, la juge des enquêtes préliminaires Cristina Di Censo, qui a décidé sur demande du parquet de renvoyer le Cavaliere en justice le 6 avril selon le «rite immédiat», une procédure accélérée.