Le président du Conseil italien, au centre du scandale dit du «Rubygate», a été mis en examen pour soupçons de relations sexuelles tarifées avec une mineure et de tentative d'étouffement de l'affaire. Une juge a ordonné sa comparution immédiate. Grâce à cette procédure accélérée, son procès s'ouvrira le 6 avril à Milan. La magistrate a suivi les recommandations du parquet, qui a réclamé la comparution immédiate de Silvio Berlusconi pour de présumées relations sexuelles tarifées avec une jeune danseuse marocaine, Karima El Mahroug dite Ruby, alors qu'elle n'avait pas 18 ans, l'âge légal de la prostitution en Italie. Le parquet reproche au chef du gouvernement italien d'avoir usé de son influence pour faire libérer Ruby, interpellée fin mai pour un vol présumé d'un montant de 3 000 euros. La justice accuse aussi Silvio Berlusconi d'avoir tenté d'étouffer toutes révélation sur l'affaire. La défense du Cavaliere, qui dénonce «une cabale politique» des juges pour le décrédibiliser, a minimisé l'annonce. «Nous ne nous attendions pas à autre chose», ont commenté ses avocats. Aussi bien Silvio Berlusconi que Ruby nient toute liaison. La jeune fille, qui a eu 18 ans en novembre, assure avoir participé à des dîners «tout à fait normaux et sages» et non aux orgies dépeintes par la presse. Concernant les soupçons de pression sur la police, le président du Conseil est intervenu dans la libération de Ruby, selon sa défense, parce qu'il était convaincu qu'elle était la nièce de Hosni Moubarak et voulait préserver de bonnes relations avec l'Egypte. Le «Rubygate», qui a éclaté fin 2010, fait régulièrement la une des quotidiens italiens. Les procureurs du parquet de Milan ont interrogé Ruby et d'autres jeunes femmes, qui auraient participé à des fêtes débridées dans la villa du chef du gouvernement dans la banlieue de Milan. Dans des relevés d'écoutes téléphoniques de personnes ayant participé à ces soirées, certaines décrivent un «lupanar» peuplé de jeunes femmes peu vêtues dansant parmi les convives. Ces écoutes ont fait rapidement l'objet de fuites dans la presse. Dans une des transcriptions, une femme, identifiée comme Ruby, affirme que Silvio Berlusconi est prêt à acheter son silence. Officiellement, Karima El Mahroug assure avoir reçu 7 000 euros et des bijoux en cadeau du Cavaliere, qui voulait l'aider alors qu'elle traversait une mauvaise passe financière. L'enquête des procureurs révèle aussi que Ruby ne serait pas la seule mineure à laquelle se serait intéressé Silvio Berlusconi. Cela dit, le Cavaliere dispose encore de quelques cartes pour contourner le procès. L'un des avocats du Cavaliere, Me Niccolo Ghedini, également député, va contester la compétence du tribunal de Milan lors d'un vote à la Chambre des députés, où la coalition au pouvoir est majoritaire. Me Ghedini arguera que le «Rubygate» est du ressort du «tribunal des ministres», une juridiction spéciale devant être mise en place pour juger le Premier ministre pour toute infraction commise dans le cadre de ses fonctions.