Adhésion n Les jeunes Algériens ne sont pas en reste. Ils s'organisent, se regroupent et communiquent via ce moyen moderne. InfoSoir : Comment vous est venue l'idée de lancer un groupe sur Facebook ? M. Kerkouche : C'est lors de l'élection présidentielle iranienne que nous avons découvert l'importance des réseaux sociaux. Nous avons vu comment les partisans d'El-Moussaoui ont utilisé ces nouvelles technologies pour sortir de la censure imposée par les mollahs. Des images de violence insupportables ont circulé en boucle sur les chaînes satellitaires grâce à Facebook et Twitter. Le régime iranien incarné par Ahmadinejad a reculé suite à cette offensive des internautes. C'est grâce à cette expérience que l'opinion publique s'est rendu compte de la capacité d'influence de ce moyen de communication. C'est là que m'est venue l'idée d'intervenir dans ce réseau social. Avant de lancer ce groupe, j'ai créé mon propre profil, ensuite j'ai repris contact avec des amis que j'avais perdus de vue depuis des années, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Au lendemain des événements qui ont secoué récemment le pays, l'idée de traduire ces revendications m'a effleuré l'esprit avec d'autres jeunes qui avaient les mêmes soucis. Ainsi, notre page de groupe a été aussitôt mise en ligne. Et en une semaine nous avons enregistré 3 000 membres. Les facebookeurs savent que c'est un exploit. Quels sont les sujets qui sont les plus abordés dans ce groupe ? Les sujets abordés par «Khawa Khawa» sont d'ordre social, culturel et politique. Nous ne pouvons rester indifférents à la situation du pays. Nombre de mes amis ont tenté la harga, les uns ont réussi et d'autres non. Des thèmes de ce genre sont fréquents. Mais, lorsque le phénomène des immolations a pris de l'ampleur, d'autres discussions se sont imposées. Et on a compris qu'il fallait réagir, se prendre en charge... Et c'est ce que nous faisons dans ce groupe. Les jeunes dans leur majorité interviennent pour parler de l'espoir qu'a suscité cette dynamique du changement tout en gardant le cap sur les valeurs démocratiques que nos aînés nous ont léguées. Quel est le rôle de Facebook dans cette dynamique de changement dans le monde arabe ? Le rôle de Facebook est de rassembler, regrouper, informer et partager. Grâce à cet outil, l'on arrive à toucher beaucoup de monde. Il est vrai que pour le moment, nous sommes loin d'égaler les médias lourds, mais à cette cadence, Facebook ne tardera pas à devenir le premier média. L'avantage avec cet outil, c'est cette absence totale de censure et la liberté qu'il offre aux internautes. Nous l'utilisons pour faire avancer les causes justes dans un environnement où les médias lourds ne sont que des organes de propagande.