Résumé de la 5e partie n Sir Harry Fetherstone Haugh qui finit par se lasser d'Emma Lyon – la petite bonne qu'il a recueillie dans sa propriété d'Up Park – la renvoie à Londres. Il refuse de reconnaître l'enfant dont il est le père et, suprême humiliation, il propose de lui envoyer de l'argent pour se faire avorter ! La jeune femme pleure de rage et de désespoir. C'est alors qu'elle se rappelle Sir Charles de Granville, un des amis de Harry, qui l'a mise en garde contre l'inconstance du jeune homme. Elle s'est rapprochée de lui un certain temps et s'est même crue amoureuse de lui, mais le jeune homme, pris par son travail, n'a plus donné signe de vie. Elle est sûre que si elle l'appelle à son secours, il ne manquera pas de lui répondre. Elle lui écrit donc à l'amirauté où il travaille et elle lui explique la situation. «Cher Granville, conclut-elle, dites-moi ce que je dois faire. Vous êtes désormais le seul en qui j'ai confiance !» Sir Charles lui répond. Ce n'est pas la lettre enflammée d'amour qu'elle attend – elle croyait que le jeune homme était épris d'elle – mais une lettre qui lui met du baume au cœur. «Puisque l'avortement ne semble pas vous tenter, je vous propose de garder l'enfant. Nous le mettrons en nourrice et nous nous occuperons de son éducation…» Emma est folle de joie : elle va pouvoir garder son enfant ! Mais ce n'est pas tout : Granville la met à l'abri du besoin. Il va louer pour elle une petite maison dans la banlieue de Londres et lui assurer tout le confort qu'il faut. Il lui allouera aussi une pension annuelle de trois cents livres, pour la nourriture et les frais d'entretien, ainsi que trente livres pour son usage personnel. En échange, elle doit accepter de ne plus quitter la maison, de ne recevoir d'autre visite que celle de sa mère et, bien entendu, la sienne. Ces conditions surprennent Emma, mais elle ne les conteste pas dans la mesure où Sir Charles la met définitivement à l'abri du besoin. Elle ne sera pas obligée de reprendre le travail à l'auberge, de connaître de nouveau les dures conditions de la domesticité. Elle accepte donc et peu après, elle emménage dans la maison qu'il a choisie pour elle. Après l'accouchement, qui se fait dans la plus grande discrétion, l'enfant – une fille – est mise en nourrice. Alors commence pour la jeune femme une vie de recluse. Elle a bien tout ce qu'elle peut désirer, mais elle s'ennuie beaucoup, assise dans le salon meublé avec goût mais désespérément vide. Comme pour la distraire, Sir Charles entreprend de faire son éducation. Il lui donne des enseignants qui lui apprennent l'orthographe, la rédaction, la rhétorique, le chant… Elle n'est pas allée longtemps à l'école et c'est à peine si elle sait écrire une lettre. Elle ne comprend pas à quoi peut rimer une telle formation, mais elle obéit à son bienfaiteur. Celui-ci est satisfait des progrès qu'elle accomplit et le soir, quand il vient passer la nuit avec elle, il l'écoute avec ravissement parler et chanter. «Tu es en train de devenir une lady, lui dit-il, une vraie lady…» Emma ne sait pas que l'attention que lui voue le jeune aristocrate n'est pas désintéressée. En fait, s'il l'éduque, c'est parce qu'il pense pouvoir l'utiliser un jour… La jeune femme ne le comprendra que quelques années plus tard… (A suivre...)