Constat n Le mouvement de protestation, qui a pris de l'ampleur depuis le début de l'année en cours, va crescendo sans aucune perspective d'accalmie pour l'instant. Hier encore, la capitale était quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire, mobilisé pour parer à toute éventualité que pourraient induire les multiples mouvements de protestation organisés par différents corps. Ceux-ci partagent une revendication commune, avec différentes spécificités, à savoir l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Alors que les enseignants contractuels ont réussi à faire fléchir le ministre de l'Education nationale, qui a enfin donné l'ordre de les intégrer sans concours ni condition, les gardes communaux, les médecins résidents, les chômeurs, les souscripteurs AADL, les anciens détenus du Sud, les journalistes et aussi les étudiants, sont toujours sur le terrain de la revendication. Ils ne décolèrent pas, malgré les assurances et promesses de leurs tutelles respectives. Les institutions sensibles de l'Etat sont les lieux de rassemblements privilégiés des contestataires désirant coûte que coûte se faire entendre. Les gardes communaux ont ainsi décidé de durcir le ton en refusant de décamper de la place des Martyrs jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Cette position vient en réponse à la réaction du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. En effet, Daho Ould Kablia ne s'est pas retenu de les menacer de radiation s'ils persistent dans leur mouvement, étant donné que, argue-t-il, «la quasi-totalité de leurs revendications ont été satisfaites». Non loin de là, une trentaine de personnes victimes de terrorisme observent depuis dimanche un sit-in devant le palais du gouvernement. Elles affirment qu'aucune réponse officielle n'a été apportée à leur revendication relative au statut particulier. Au niveau de la Présidence, des représentants des souscripteurs à la formule AADL ont observé un sit-in, hier, s'exposant aux matraques des forces de sécurité, pour appeler à l'intervention des hautes autorités de l'Etat. À Bir Mourad Raïs, un groupe plus important s'est rassemblé devant le siège social de l'AADL. Par ailleurs, les travailleurs des sociétés de distribution d'électricité et de gaz ont réclamé, hier, dans un mouvement de protestation nationale, la révision de leur grille de salaires. Cela alors que les médecins résidents continuent la grève illimitée qu'ils ont entamée depuis déjà une semaine. Les négociations en cours avec le ministère de la Santé ne les font pas revenir sur leurs positions. Les médecins résidents et les internes disent n'être satisfaits que par des mesures concrètes. À l'heure où nous mettons sous presse, les étudiants de l'université de Boumerdès ont décidé de recourir au gel des cours et de rejoindre la protestation reprise par l'université d'Alger depuis le début de la semaine. Joint par téléphone ce matin, Smaïl, étudiant à la faculté des sciences de l'ingéniorat a déclaré qu'un fort dispositif sécuritaire est installé à la sortie de la faculté depuis les premières heures de la journée pour éviter la marche que les étudiants ont prévue en direction du rectorat. Il affirme que ces policiers ont usé de violence à l'égard des étudiants. La liste des secteurs gagnés par le vent de la colère ne s'arrête pas là, elle est encore longue.