Le mouvement autonome des étudiants algériens est né au cours de la crise qui secoue l'université algérienne. Le facebook demeure le facteur favorisant le contact et l'unification des étudiants. Les étudiants algériens adhèrent de plus en plus aux comités autonomes qui maintiennent la pression sur le ministère de l'Enseignement supérieur. Hier encore, au moins 3000 étudiants ont tenu leur rassemblement habituel devant le siège de la tutelle. La protestation gagne du terrain. D'autres facultés ont adhéré au mouvement soutenant les premières revendications, à savoir le statut, tout en profitant de l'occasion pour soulever d'autres problèmes. Ces derniers sont spécifiques à chaque faculté. Toutefois, les revendications sociopédagogiques sont, pratiquement, communes à toutes les universités. La demande de l'annulation du décret 10-315 n'est en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Les étudiants se plaignent du manque de considération, de la «gestion chaotique», et surtout de leur marginalisation lors des prises de décision concernant leur avenir. Sur le terrain, les étudiants de l'ENS de Kouba, de l'Institut d'archéologie, de l'Ecole nationale du commerce ainsi que ceux de l'Institut des sciences de l'information et de la communication ont rejoint le mouvement autonome. Ce dernier est caractérisé essentiellement par l'absence de leader. Les représentants sont élus démocratiquement par les étudiants. La seule condition exigée pour les délégués est de n'appartenir à aucune organisation estudiantine existant déjà : UNEA, UGEL, UNJA… Les membres de ces dernières sont catégoriquement reniés par l'ensemble des étudiants depuis le début de ce mouvement. «Organisations fantoches» «Ces organisations fantoches ne représentent aucun étudiant algérien. La plupart d'entre eux ne sont pas des étudiants. Ils ne sont en aucun cas en mesure de parler des droits des étudiants dans la mesure où ils n'ont rien d'étudiant», a reproché un étudiant protestataire. Son camarade estime que les représentants de ces organisations sont manipulés par l'administration. «Ils ne font que casser les mouvements», accuse-t-il. La façade du siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est ornée de toutes sortes d'étendards et d'affiches. Les différents slogans placardés révèlent l'inquiétude des étudiants de différentes spécialités pour le devenir de l'université algérienne. D'autres affiches portent sur le caractère apolitique de ce mouvement. «Ni FLN, ni RCD, nous sommes des étudiants algériens», lit-on sur une affiche collée sur le portail du ministère. Les étudiants avertissent d'une éventuelle tentative de récupération de leur mouvement. «Nos revendications sont purement pédagogiques. Aucun parti ne peut détourner notre mouvement», prévient un étudiant en sciences politiques. Son camarade dénonce les agissements de certaines personnes qui veulent à tout prix donner un cachet politique à leur mouvement. «Ce matin, il y a un individu qui a réussi à se faufiler dans la foule. Il a développé un discours politique mais il n'a pas convaincu les étudiants qui l'ont chassé», relate-t-il.